Don du sang : c’est quoi les sangs rares ?
29 janvier 2024
L’Etablissement français du sang lance une campagne de sensibilisation aux sangs rares. Alors que 700 000 personnes sont concernées en France, il est important que les stocks de sang rares soient alimentés afin de transfuser les patients qui en ont besoin.
Bombay, Rhésus null, Duffy null… Ces noms de vous disent rien ? Il s’agit pourtant bien de groupes sanguins. On connaît les groupes A, B, AB et O et le Rhésus positif ou négatif qui sont les grandes catégories de groupes sanguins. Ces groupes sont les plus connus et fréquents, utilisés pour classer les différents types de sang. Ils se caractérisent par la présence d’antigènes à la surface des globules rouges. Mais de nombreux autres antigènes peuvent être présents et former des combinaisons beaucoup plus rares. Il existe ainsi 390 groupes sanguins identifiés dont 250 sont considérés comme rares.
C’est l’objet de la campagne lancée ce lundi 29 janvier par l’Etablissement français du sang : la semaine de sensibilisation aux sang rares. Un groupe sanguin est considéré comme rare dès lors qu’il concerne moins de 4 personnes sur 1 000 et qu’aucun autre groupe sanguin n’est compatible pour effectuer une transfusion. 700 000 à 1 million de personnes sont ainsi concernées. Mais seulement 10 % d’entre elles en sont informées ; ces situations rares sont en effet découvertes fortuitement dans la plupart des cas.
L’importance de l’origine géographique
Les particularités sanguines d’une personne dépendent surtout de l’endroit du monde d’où viennent ses ancêtres. « Certaines personnes peuvent avoir un groupe sanguin assez fréquent dans le pays d’origine de leurs parents ou grands-parents mais moins fréquent, voire rare, au sein de la population du pays dans lequel elles vivent », explique l’Etablissement du sang sur son site. Ainsi, alors qu’en France, le Rhésus négatif concerne près de 15 % de la population, on le retrouve chez moins de 0,5 des Chinois. Autre exemple, « en France, votre groupe sanguin est particulièrement susceptible d’être rare ou peu fréquent si vous ou vos ancêtres êtes originaires d’Afrique, des Caraïbes (Martinique, Guadeloupe, Guyane) ou de l’Océan Indien (Réunion, Mayotte, Comores, etc.) », illustre l’EFS.
L’exemple de la drépanocytose
Pour qu’une transfusion soit efficace et pour éviter des complications graves, « si une transfusion doit être réalisée, il faut trouver un produit sanguin compatible avec le sang du patient, c’est-à-dire le plus proche possible de ses caractéristiques sanguines ». L’EFS donne l’exemple concret de la drépanocytose, maladie génétique la plus répandue au monde. Cette maladie touche en majorité les populations des Antilles et de l’Afrique sub-saharienne. Les patients ont régulièrement besoin de transfusion de globules rouges. Or, c’est en Afrique que la diversité génétique est la plus importante au monde. Et certains groupes sanguins ne sont ainsi présents que chez des personnes d’origine africaine ou caribéenne. Pour les personnes atteintes de drépanocytose avec un sang rare en France, il est important de disposer de sang compatible pour les soigner.
Un appel aux donneurs
L’EFS lance un appel aux donneurs de toutes origines. « En France, pays riche de sa diversité, si vous avez des ancestralités d’Afrique subsaharienne, de la Caraïbe ou de l’Océan indien, vous avez peut-être un groupe sanguin rare. Vos caractéristiques sanguines sont donc très recherchées par l’EFS pour soigner les patients originaires des mêmes zones géographiques »
Avec cette campagne, l’EFS espère convaincre des donneurs possédant un groupe sanguin rare ou peu fréquent de donner. Objectif : offrir les mêmes chances de traitement à chacun. « Nous devons parvenir à une représentativité la plus forte possible de la diversité des donneurs de sang et de la diversité de la population française transfusée ».
A noter : le sang rare peut être congelé. La majorité des poches est conservée, jusqu’à 30 ans, au sein de la Banque nationale de sang de phénotype rare (BNSPR). Actuellement près de 7 500 poches y sont congelées à -80°C. L’enjeu est de maintenir ces stocks pour transfuser chaque personne qui en a besoin.
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Source : BNSPR, Etablissement français du sang
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet