Drogues : les eaux usées jouent les indic’

30 mai 2014

Où se drogue-t-on le plus en Europe ? Pour le savoir, des chercheurs ont eu la bonne idée de scruter les eaux usées de 42 villes du Vieux continent. Ils ont ainsi retrouvé des taux élevés de nombreuses substances actives de stupéfiants dans les eaux de plusieurs cités des Pays-Bas. Et en France, Paris n’est pas en reste…

Cocaïne, amphétamines, ecstasyLa consommation de drogues est largement répandue et fait de nombreux dégâts parmi les consommateurs. Pour connaître de façon la plus précise possible le recours à ces substances, un groupe de laboratoires européens a prélevé puis testé les eaux usées des stations d’épuration de 42 villes. Cette analyse a permis de relever les données objectives concernant une population de 24,74 millions d’habitants. La plus grande jamais étudiée. « C’est une photographie instantanée, une même semaine en 2012 puis en 2013 », explique le Pr Yves Levi, professeur de santé publique et environnement à la faculté de Pharmacie de l’Université Paris sud et co-auteur de l’étude.

Vers la surveillance des épidémies dans l’eau ?

Parmi les agglomérations les plus consommatrices de cannabis et d’amphétamines, les villes des Pays-Bas (Amsterdam, Eindhoven et Utrecht) se distinguent. A Paris, des taux relativement élevés de substances actives provenant du cannabis et de l’ecstasy. De son côté, Londres présente la consommation de cocaïne la plus élevée d’Europe.

Les auteurs se sont toutefois limités à ces constats observationnels. « Notre travail n’est pas de fournir des explications, qui sont multiples et relèvent de nombreux facteurs comme les trafics, la législation locale par exemple », précise Yves Levi.

Dans ces conditions, quelle va être l’utilité de ces données ? « Elles vont servir notamment à mesurer l’impact sur l’environnement  », poursuit le pharmacologue. « Et plus généralement à la réduction des risques liés aux drogues », indique-t-il. « Et si cette méthode était adoptée en France de manière systématique, elle permettrait pourquoi pas, d’établir une surveillance des épidémies virales par exemple… »

  • Source : Society for the Study of Addiction, 1er avril 2014 – interview du Pr Yves Levi, professeur de santé-publique -environnement à la faculté de Pharmacie de l'Université Paris sud, 28 mai 2014

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : David Picot

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