Ebola : des séquelles à long terme, 4 ans après la guérison
12 mars 2021
Plusieurs années après avoir guéri d’Ebola, nombre d’anciens malades présentent encore des séquelles. C’est le constat d’une équipe de chercheurs guinéens et français. Description.
Alors qu’une nouvelle épidémie est apparue en Guinée Conakry ces dernières semaines, des chercheurs ont constaté des séquelles de très long terme chez d’anciens malades. C’est en suivant la cohorte « PostEboGui », initiée peu après le début de l’épidémie d’Ebola en 2014, que l’équipe d’Eric Delaporte et Abdoulaye Touré* a pu constater des symptômes persistants chez une proportion importante d’anciens malades, jusqu’à 4 ans après leur guérison. Laquelle correspond à l’absence de virus détectable dans le sang.
Différents symptômes ont ainsi été observés parmi les 722 personnes suivies au total. Dans le détail :
– 27,68% présentaient des symptômes neurologiques (maux de tête, vertiges…),
– 25,35% souffraient de symptômes généraux (fièvre, fatigue, anorexie),
– 17,08% présentaient des symptômes abdominaux (douleurs ou gastrites),
– 16,82% présentaient des symptômes musculo-squelettiques (douleurs au cou, au dos, aux articulations…),
– 6,07% présentaient des symptômes oculaires (conjonctivites, cataracte…).
Des cas d’Ebola-très-long ?
Une prévalence des symptômes qui diminue dans le temps puisqu’à deux ans de la guérison ces proportions s’élevaient respectivement à 46,30 %, 50,70 %, 26,77 %, 35,34 % et 9,17 %. Malgré tout, cette prévalence « reste étonnamment élevée, traduisant l’existence de formes que l’on pourrait appeler “Ebola long”, voire “très long”, par analogie avec la dénomination utilisée pour la Covid-19 », précise Éric Delaporte.
Ces nouvelles informations sur la maladie « contribuent à l’optimisation de la prise en charge des patients en prenant en compte leurs antécédents et les risques associés à l’apparition de séquelles », se réjouissent néanmoins les auteurs. Des connaissances d’autant plus importantes que « les séquelles à long terme peuvent avoir un impact négatif majeur sur la santé, la qualité de vie des survivants et leur aptitude au travail ».
A noter : Le taux de mortalité de la fièvre hémorragique à virus Ebola est de 50% en moyenne.
*composée de chercheurs de l’IRD, de l’Inserm, de l’université de Montpellier, du Cerfig et de l’université de Conakry