En 2022, 4 807 décès causés directement par la chaleur

10 juillet 2023

L’été dernier s’est distingué par une intense série de vagues de chaleur, qui ont concerné toute l’Europe. Elles sont directement responsables de plus de 60 000 décès en Europe, dont près de 5 000 en France, quatrième pays le plus lourdement touché.

Plus de 10 000 décès en excès entre le 1er juin et le 15 septembre 2022, dont 2 800 rien que pendant les trois périodes de canicule en juin, juillet et pendant la première quinzaine d’août. C’était, jusque-là, les seules données françaises disponibles pour tenter d’évaluer les conséquences de l’été le plus chaud jamais enregistré dans le pays.

Problème : ces données étaient incomplètes, car elles ne précisaient pas le nombre de décès directement imputables à la chaleur. « L’estimation de la part totale de la mortalité attribuable à la chaleur nécessite des modélisations statistiques adaptées s’appuyant sur plusieurs dizaines d’années de données historiques », reconnaissait alors Santé publique France. Ces éléments sont désormais disponibles, et permettent de dresser un bilan précis de l’été 2022.

+2,43ºC

Ce bilan est le fruit d’un travail commun de scientifiques de l’Inserm et de l’Institut de Barcelone pour la Santé Globale, publié ce 10 juillet dans la revue Nature Medicine. Les chercheurs ont rassemblé des données de température et de mortalité dans 823 régions de 35 pays européens, pour une population totale de 543 millions de personnes. Recueillies pendant la période 2015-2022, elles « ont été utilisées pour estimer des modèles épidémiologiques permettant de prédire la mortalité attribuable aux températures pour chaque région et semaine de la période estivale », indique l’Inserm dans un communiqué.

Que révèle l’analyse ? Que 61 672 décès directement attribuables à la chaleur sont survenus en Europe entre le 30 mai et le 4 septembre 2022. L’Italie a été le pays le plus touché (18 010 décès), suivie de l’Espagne (11 324), puis l’Allemagne (8 173), et de la France, avec 4 807 décès. La France qui détient en outre le record de l’augmentation de température par rapport aux moyennes de saison, avec +2,43ºC au-dessus des valeurs moyennes de la période 1991-2020.

Surtout les 80 ans et plus

Autres enseignements de l’étude : partout en Europe, la grande majorité des décès se concentre dans la tranche d’âge des 80 ans et plus. Et concernant l’analyse par sexe, « les données indiquent que la mortalité prématurée attribuable à la chaleur était 63% plus élevée chez les femmes que chez les hommes ». Avec des nuances : si le taux de mortalité des femmes est supérieur de 27% à celui des hommes chez les plus de 80 ans, le taux de mortalité des hommes est 41 % plus élevé que celui des femmes chez les moins de 65 ans et 13 % plus élevé entre 65 et 79 ans.

Quelle conclusion tirer de cette vaste analyse ? Que les dispositifs mis en place à la suite d’épisodes antérieurs (la canicule de 2003 en France, par exemple, qui a donné naissance aux Plans Canicule réactivés chaque année), ne sont pas suffisants. Et qu’il faut donc les réévaluer, en tenant compte des critères d’âge et de sexe notamment. En l’absence d’une réponse adaptative efficace, préviennent les chercheurs, « le continent fera face à une moyenne de plus de 68 000 décès en excès chaque été d’ici 2030 et de plus de 94 000 d’ici 2040 ».

A noter : Selon une étude publiée en juin dans le Lancet Planet Health, Paris est la capitale européenne dont les habitants sont les plus exposés au risque de mourir à cause de la chaleur.

  • Source : Santé publique France - Inserm  - Juin 2023

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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