Eté 2022 : plus de 2 800 « décès en excès » pendant les canicules
21 novembre 2022
Le deuxième été le plus chaud depuis 1900 n’a pas provoqué autant de « décès en excès » qu’en 2003. Mais les trois vagues de canicules, qui ont diversement frappé les régions françaises, ont eu un impact certain sur la mortalité, et tout particulièrement celle des plus de 75 ans, indique Santé publique France.
Dix-sept mille passages aux urgences et 3 500 consultations SOS Médecins entre le 1er juin et le 15 septembre. Pour des hyponatrémies (taux de sodium anormalement faible dans le sang), des coups de chaleur et des déshydratations. Les jours de grosse chaleur, mais aussi dans les jours suivant. 16,7% de décès supplémentaires observés dans les départements concernés (part des décès en excès rapportés aux décès attendus), et jusqu’à 20% chez les plus de 75 ans. Et sept hommes de 44 ans en moyenne décédés des suites d’un accident du travail, « en lien possible avec la chaleur ».
Voilà le tableau général dessiné par l’étude des données synthétisées par Météo France d’une part, et Santé publique France d’autre part. Dans le détail, les trois vagues de canicules – en juin, en juillet et durant la première quinzaine d’août – n’ont pas eu les mêmes conséquences, selon les départements. « La façade atlantique a connu deux épisodes de vigilance rouge canicule du fait de températures records, notamment de jour, sur des durées très courtes. En parallèle, le sud-est du pays a connu des épisodes durables et répétés d’intensité modérée, notamment sur les mois de juillet et d’août », résume le Bulletin de santé publique de l’été 2022, émis par Santé publique France.
En Bretagne aussi
Conséquence : les régions de la moitié sud de la France concentrent à elles seules les deux tiers des décès supplémentaires. Mais il faut souligner que d’autres régions, comme la Bretagne, dont « la population résidente est moins acclimatée aux canicules » présentent elles aussi des excès de mortalité relatifs importants. C’est également le cas dans le Grand Est et en Île-de-France. Au total, 2 816 décès en excès ont été recensés pendant les canicules ; avec 2 272 décès supplémentaires par rapport aux décès attendus, les 75 ans et plus ont été les plus touchés.
« Les impacts observés sur les recours aux soins et la mortalité soulignent que la chaleur extrême demeure un risque important pour la santé de l’ensemble de la population », commente Santé publique France. Qui reconnaît cependant que « l’estimation de la part totale de la mortalité attribuable à la chaleur nécessite des modélisations statistiques adaptées s’appuyant sur plusieurs dizaines d’années de données historiques ». De telles données sont en cours de traitement, et produiront des résultats début 2023, souligne l’agence de Santé publique.
Laquelle alerte : « ce bilan souligne l’importance d’anticiper l’impact de la chaleur en amont des périodes de canicule et conforte ainsi la nécessité d’une stratégie d’adaptation au changement climatique renforcée, au niveau national et territorial, afin d’anticiper l’intensification très vraisemblable de ces phénomènes météorologiques extrêmes ». Les canicules bien sûr, mais aussi les sécheresses et les feux de forêt, qui ont eux aussi marqué cet été 2022.
A noter : Pendant les mêmes périodes et dans les mêmes départements, 894 décès liés à l’épidémie de Covid 19 ont été enregistrés, indique le Bulletin de santé publique. La maladie a « pu augmenter la vulnérabilité à la chaleur pour certaines personnes, et réciproquement ».