Enfants dyspraxiques, pas si mauvais en maths !
06 octobre 2016
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La dyspraxie est un trouble de la coordination motrice d’origine développementale qui rend difficile l’évaluation des quantités numériques. En d’autres termes, les enfants ne parviennent pas à dénombrer un groupe d’objets. Toutefois, une équipe INSERM vient d’établir que, malgré ce handicap, les enfants concernés ont la capacité à organiser les nombres de façon linéaire. Une bonne nouvelle et un outil pour aider en mathématiques, les petits affectés par ce trouble dys.
La dyspraxie se définit par « une réduction des performances dans les activités de tous les jours qui requièrent une coordination motrice, inférieure à celle attendue pour un enfant du même âge et de même intelligence », indique l’association Cartable fantastique. « En mathématiques, les enfants dyspraxiques ont des difficultés à dénombrer les objets d’une collection, à analyser la numération de position ainsi qu’à poser des opérations… »
Pour évaluer le fonctionnement du cerveau de ces enfants face à un problème de dénombrement, Caroline Huron, chercheuse en sciences cognitives, et son équipe ont mené une expérience sur deux groupes de 20 enfants âgés de 7 à 10 ans. L’un était composé d’enfants dyspraxiques et l’autre constituait un groupe contrôle. Tous ont été invités à « évaluer à quel nombre correspondait une marque verticale placée sur une ligne numérique horizontale allant de 0 à 100 ». Les chercheurs ont enregistré leurs mouvements oculaires simultanément lors de la réalisation de l’exercice.
Un accès aux concepts mathématiques
Résultat, « les enfants dyspraxiques, qui ont un déficit de coordination motrice, estiment les nombres de manière moins précise que ceux du groupe témoin ». Pas surprenant jusque là. Néanmoins, « et là est la surprise, ils organisent ces nombres en fonction d’une échelle linéaire dont les valeurs sont équidistantes », expliquent les auteurs. En d’autres termes, les enfants sont capables de voir que la distance entre 8 et 9 est la même que celle entre 98 et 99. Ce qui n’est pas le cas des enfants dyscalculiques par exemple. Ces derniers les répartissent de façon logarithmique, en surévaluant les petites quantités par rapport aux grandes. « Il existe donc chez les enfants dyspraxiques une imprécision de la perception des quantités numériques, mais qui ne les empêche pas de résoudre la tâche demandée. »
« Le sens du nombre est perturbé chez les enfants dyspraxiques, mais pas leur compréhension des concepts », affirme Caroline Huron. Donc, « si l’on considère que 88% de ces enfants ont des difficultés en mathématiques, c’est sans compter qu’ils disposent d’un accès aux concepts mathématiques… qu’ils peuvent mobiliser pour résoudre des problèmes », conclut-elle.