Enfants : un âge pour la notion du temps ?

04 janvier 2016

Vous l’aurez remarqué, un petit ne fait pas la différence entre une minute et une heure, ni entre deux jours et une semaine. Mais à quel âge les enfants prennent-ils conscience du temps qui passe ? Pour en savoir plus, des chercheurs français ont évalué les capacités des jeunes à se situer dans le temps.

A partir de quel âge distingue-t-on les heures des jours, les mois des années ? Selon des études menées en 1990, la conscience du présent survient aux alentours de 6 ans, alors que les repères mensuels, des saisons et des années se développent à 7 ou 8 ans. Pour mieux comprendre ce mécanisme, des chercheurs de l’INSERM ont suivi 105 enfants âgés de 6 à 11 ans. Parmi eux, 57 filles et 48 garçons, tous scolarisés en région parisienne.

Pour évaluer leurs capacités à se représenter et à utiliser les principales unités temporelles, les chercheurs les ont soumis à une batterie de tests. Chacun a dû évaluer les durées séparant quatre stades de la vie d’une personne représentés en images : bébé, puis enfant, adulte et enfin vieillard. Autre épreuve proposée, indiquer l’heure affichée par les aiguilles de cinq montres identiques dessinées sur une feuille de papier. Les volontaires ont ensuite précisé le temps séparant leur précédent et leur prochain anniversaire, puis estimé la durée de l’entretien passé avec le chercheur. Résultat, la connaissance du temps s’acquière principalement entre 6 et 8 ans. Période du développement de l’enfant la plus propice au mécanisme d’apprentissage. Un processus « intimement lié aux compétences numériques de l’enfant », indique Georges Dellatolas, spécialiste en neuropsychologie et co-auteur de l’étude.

Tous égaux ?

Au total, « quatre facteurs contribuent [principalement] à 75% dans l’acquisition des grandes unités de temps ». Tout d’abord, la connaissance académique des nombres, « c’est-à-dire la capacité à les lire, à les écrire et à les calculer ». Second facteur, « l’aptitude à faire correspondre un nombre à une distance ». Troisième compétence requise, la mémoire dite de travail. C’est-à-dire la mémoire à court terme indispensable pour comparer des nombres présentés à l’oral. Enfin, quatrième et dernier facteur, « la capacité à remettre un nombre dans son contexte ». Exemple, « l’enfant est-il capable de dire que dix c’est beaucoup si l’on parle du nombre d’enfants dans une famille… et peu s’il s’agit du nombre de feuilles sur un arbre ».

Actuellement, les scientifiques mènent cette étude auprès d’enfants atteints de pathologies altérant le maniement des nombres (dyslexie, certaines tumeurs cérébrales…). Objectif, mieux identifier les obstacles à l’origine des retards d’acquisition et améliorer la prise en charge. Enfin, le processus d’apprentissage n’est pas une science parfaite. Certains évoluent à des rythmes et à des âges différents. Pour affiner ces résultats dans la population infantile générale, les chercheurs souhaitent donc reproduire la même étude sur un nombre plus important d’enfants de différents âges.

  • Source : INSERM, le 4 janvier 2016

  • Ecrit par : Laura Bourgault : Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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