Epidémie de grippe : la vaccination des séniors, un impératif de santé publique ?
23 janvier 2025
Alors que le virus de la grippe circule activement ces dernières semaines, les 65 ans et plus sont en première ligne, avec des niveaux élevés de mortalité et d’hospitalisations. Ainsi, les autorités sanitaires ont décidé de prolonger la campagne de vaccination contre la grippe tandis que l’Académie de Médecine appelle à une vaccination massive des séniors contre la grippe, le Covid, le zona, les infections à pneumocoque et à VRS.
Face à l’intensité de l’épidémie de grippe, les autorités sanitaires ont annoncé mercredi 22 janvier la prolongation de la campagne de vaccination jusqu’au 28 février. Si toutes les classes d’âge sont touchées par la maladie, en partie à cause de la circulation simultanée des trois virus de la grippe H1N1 et H3N2 et B/Victoria, ce sont les plus de 65 ans qui paient le plus lourd tribut. « Un excès de décès était observé entre S52 et S02 tous âges confondus, et concernait principalement les 65 ans et plus. Cet excès de mortalité toutes causes est concomitant du niveau d’activité très élevé observé à l’hôpital en lien avec la grippe », notait Santé publique France dans son bulletin hebdomadaire. Quant aux hospitalisations, 67 % d’entre elles concernaient des patients de 65 ans et plus. Les autorités sanitaires insistaient mercredi sur la nécessité pour les personnes âgées de 65 ans et plus d’être vaccinées contre la grippe. La première semaine de janvier, 79 % des personnes hospitalisées en réanimation à cause de la grippe n’étaient pas vaccinées.
La grippe, le Covid-19, les infections à pneumocoque, le VRS et le zona dans le viseur
Des annonces concomitantes de celles de l’Académie de médecine sur la vaccination des séniors. Selon l’institution, certaines infections constituent un fardeau médical et économique national de plus en plus lourd chez les seniors (personnes âgées de 65 ans et plus), en raison de l’immunosénescence (déclin des fonctions immunitaires). Cinq infections sont particulièrement visées, la grippe saisonnière, le Covid-19, les infections à pneumocoque ou à virus syncytial (VRS) et le zona. En effet :
- plus de 90 % des décès imputables à la grippe ou à la Covid-19 surviennent après 65 ans ;
- les pneumococcies et les infections à VRS sont cause d’une morbidité et d’une mortalité élevées dans cette tranche d’âge ;
- le risque d’accidents cardio-vasculaires est significativement augmenté dans les semaines qui suivent une infection respiratoire ;
- le déclin fonctionnel observé après une grippe, une Covid-19 ou une infection à pneumocoque, avec perte progressive de l’autonomie, représente la sixième cause d’invalidité des personnes âgées ;
- après 70 ans, la prévalence du zona dépasse 10 cas pour 1000 personnes, accompagnée de fréquentes complications douloureuses qui altèrent la qualité de vie pendant plusieurs mois.
Malgré la prise en charge des vaccins par l’Assurance maladie et les campagnes de vaccination, les recommandations s’avèrent peu suivies. « La couverture vaccinale des seniors stagne à faible niveau pour les vaccins contre la grippe (54 %), la Covid-19 (30 %), le pneumocoque (5 %) et le zona (4 %), selon Santé Publique France. »
Vers un objectif prioritaire de santé publique ?
« L’Académie nationale de médecine préconise que la vaccination des seniors devienne un objectif prioritaire de santé publique, car elle augmente la durée de vie active et autonome, évite les formes graves et les complications des maladies-cibles ainsi que le déclin fonctionnel post-infectieux, diminue le fardeau économique qui leur est lié, entretient l’immunité de groupe (en milieu familial ou institutionnel) et permet de lutter contre l’antibiorésistance ». Elle insiste sur le rôle majeur que devrait jouer les médecins traitants, sans y parvenir.
Pour parvenir à de bien meilleurs taux de vaccinations, l’institution plaide notamment pour :
- rendre prioritaires la vaccination contre les maladies cibles (grippe, Covid-19, infections à pneumocoque et à VRS, zona) ;
- inciter les professionnels à œuvrer pour que le statut vaccinal des patients âgés correspondent aux recommandations ;
- inciter les équipes mobiles de vaccination à « aller vers » les populations éloignées du soin.
Enfin, elle pointe une problématique qui chaque hiver fait débat, le faible niveau de vaccination des professionnels de santé et des personnes travaillant auprès de personnes âgées. A ce sujet, le ministre de la Santé Yannick Neuder, déclarait le 17 janvier sur le plateau de Franceinfo que la vaccination des soignants « n’est pas une question taboue ». Une décision pourrait être prise à ce sujet à l’automne prochain.
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Source : Santé publique France, Académie nationale de médecine, Direction générale de la Santé
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet