Epidémie de grippe : « surtension » aux urgences et hausse des événements graves liés aux soins

17 janvier 2025

Le syndicat Samu-Urgences a alerté jeudi sur la « dangerosité » de la situation aux urgences, mises en « surtension » par l’épidémie de grippe. 30 % des établissements affirment avoir déclaré des événements indésirables graves liés aux soins (EIGS).

L’épidémie de grippe était toujours très intense la deuxième semaine de janvier, selon le bulletin de Santé publique France, publié mercredi 15 janvier. Comme la semaine précédente, le niveau d’intensité était élevé dans toutes les classes d’âge. « La part des hospitalisations pour grippe/syndrome grippal parmi les hospitalisations toutes causes se situait toujours à un niveau d’intensité très élevé dans toutes les classes d’âge », note Santé publique France.

Une forte hausse était également signalée dans les établissements médicaux sociaux et la part de décès liés à la grippe (selon les certificats électroniques), atteignaient 7,3 % des décès. A 6 % la semaine précédente, le chiffre excédait déjà les pics des trois épidémies de grippe des saisons précédentes.

Selon une enquête du syndicat Samu-Urgences, menée auprès de 6 établissements privés et 126 établissements publics, cette pression exercée sur l’hôpital a engendré des événements graves. 39 établissements, soit 30 % des établissements concernés par l’enquête, affirment avoir déclaré des événements indésirables graves liés aux soins. L’EIGS a ainsi été défini par les autorités sanitaires : « un événement indésirable grave associé aux soins (EIGS) est un évènement inattendu au regard de l’état de santé et de la pathologie de la personne et dont les conséquences sont le décès, la mise en jeu du pronostic vital, la survenue probable d’un déficit fonctionnel permanent, y compris une anomalie ou une malformation congénitale ». Le syndicat pointe la dangerosité de la situation, la surtension des services d’urgence et la dégradation de la qualité et de la sécurité des soins.

Ainsi, selon cette même enquête flash, 85 % des établissements qui ont participé ont activé le plan « Hôpital en tension », 37 % le plan blanc – et 9 % s’apprêteraient à le déclencher.

Les patients brancards encombrent les couloirs

En cause ? 90 % des répondants alertent sur la saturation des services d’aval des urgences – où les patients non programmés qui nécessitent une hospitalisation ne restent que quelques jours, 79 % sur l’activité épidémique accrue et 69 % sur l’afflux massif de patients aux urgences.

Aval des urgences défaillants et affluence massive aux urgences ont entraîné des conséquences directes sur la prise en charge des patients dans les services d’urgence. « 93 % des SU ont vu une augmentation importante du nombre de ‘patients brancards’ attendant un lit d’hospitalisation le matin dont 45 % ont augmenté de plus de 50 %. La durée de passage aux urgences a augmenté en moyenne de plus de 30 % avec les impacts sur la morbi-mortalité maintenant connus de tous », note l’enquête.

Pour le syndicat, si l’épidémie de grippe est intense, elle reste contenue. Il dénonce un manque d’anticipation des autorités sanitaires. « Les besoins de soins de la population en termes de recours à une offre ambulatoire et de capacité d’hospitalisation sont facilement dimensionnables à partir des données des années antérieures, et devraient relever d’un plan prévisionnel pour répondre à ces situations ». Samu-Urgences demande la création de places supplémentaires à l’hôpital et en soins médicaux et de réadaptation (afin de libérer des lits à l’hôpital), également davantage d’offres de soins en ambulatoire, notamment en médecine de ville.

Pour rappel, en 2024, le temps d’attente pour obtenir un RDV chez un généraliste s’élève à 10 jours en moyenne en 2024, contre 4 jours en 2019, selon le baromètre de l’accès aux soins de la Fédération hospitalière de France.

*Enquête flash menée par Samu-Urgences de France du 9 au 12 janvier 2025 auprès de 6 établissements privés et 126 établissements publics autorisés à la médecine d’urgence sur la période du 20 décembre 22024 au 12 janvier 2025

  • Source : Syndicat Samu-Urgences, Santé publique France, HAS, Fédération hospitalière de France

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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