Et si le smartphone était bon pour la mémoire ?
22 août 2022
Mauvais pour la concentration, les apprentissages, la santé mentale… Très pratique au quotidien, le smartphone est loin d’être paré de toutes les vertus si l’on s’intéresse à ses effets sur le cerveau. A contre-courant, des chercheurs britanniques affirment qu’il pourrait avoir un impact bénéfique sur la mémoire.
L’utilisation intensive du smartphone peut être franchement néfaste pour nos capacités cognitives, lit-on de publication scientifique en publication scientifique. Délétère pour le cerveau des enfants, le smartphone rendrait paresseux celui des adultes qui ont tendance à le dégainer pour le moindre acte de la vie quotidienne. Mais en est-on si sûr ?
C’est ce qu’ont voulu vérifier des chercheurs de l’University College de Londres au travers d’une expérience de mémorisation menée sur 158 personnes âgées de 18 à 71 ans. Les scientifiques leur ont montré des cercles numérotés, classés de part et d’autre d’un écran tactile. Après avoir observés les cercles, les participants devaient les faire glisser du bon côté. Plus le nombre de cercles bien rangés était élevé, plus la rémunération des participants était importante à la fin de l’expérience.
Mais le montant de la récompense était conditionné à un autre facteur : les chercheurs avaient attribué une « grande valeur » à l’un des côtés. Bien placer un cercle à cet endroit valait 10 fois plus d’argent que faire la même chose côté « faible valeur ». Au total, les participants ont réalisé l’expérience 16 fois. La moitié en utilisant uniquement leur mémoire interne, celle de leur cerveau, et l’autre en s’aidant d’une mémoire externe : l’écran tactile, sur lequel ils ont pu enregistrer des informations.
Mémoire externe
Un dispositif complexe pour des résultats qui ont un peu surpris les chercheurs : ils ont en effet constaté que les participants faisaient le choix d’utiliser l’appareil numérique pour stocker les informations très importantes (le positionnement des cercles de grande valeur) et qu’ils s’en souvenaient mieux que lorsqu’ils ne les avaient pas enregistrées ! D’autre part, « nous avons également constaté que le dispositif améliorait la mémoire des personnes pour les informations non sauvegardées », indique le Dr Sam Gilbert, neuroscientifique à l’UNL et auteur principal de l’étude.
En d’autres termes, l’utilisation d’un appareil numérique comme mémoire externe aiderait non seulement à mieux se souvenir des informations enregistrées dans l’appareil, mais aussi d’informations non enregistrées. « Ces résultats montrent que les outils de mémoire externe fonctionnent », estime le Dr Sam Gilbert. A condition toutefois de ne pas être trahi par ces outils : « nous devons veiller à retenir les informations les plus importantes. Sinon, en cas de défaillance d’un outil de mémorisation, nous pourrions nous retrouver avec rien d’autre que des informations de moindre importance dans notre propre mémoire ».