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Les cauchemars servent-ils à quelque chose ? Selon des chercheurs suisses, la réponse est oui ! La sensation de peur éprouvée dans les mauvais rêves nous prépare à traverser des situations angoissantes, une fois réveillé(e).
Pendant que vous rêvez, votre corps est au repos. Mais votre cerveau, lui, se lance dans une véritable séance de gymnastique nocturne ! Pour mieux comprendre ce qui se passe dans votre tête pendant ces phases de sommeil, les neurologues ont recours depuis des dizaines d’années à l’électro-encéphalogramme à haute densité (EEG). Grâce à des électrodes posées sur le crâne, ce dispositif permet d’enregistrer l’activité cérébrale. Et plus précisément de localiser les zones en activité en fonction des ressentis éprouvés pendant les rêves, bons comme mauvais.
Tout récemment, des chercheurs suisses et américains* ont décidé de se pencher sur une sensation bien précise commune à tous les cauchemars : la peur. Au total, 18 volontaires se sont vus poser des électrodes pendant toute une nuit au cours de laquelle les scientifiques les ont réveillés plusieurs fois. « A chaque réveil, ils devaient répondre à une série de questions telles que : Avez-vous rêvé ? Si oui, avez-vous ressenti de la peur ? », précise l’équipe du Pr Sophie Schwartz*.
Résultat, deux zones cérébrales entrent en activité chez les dormeurs en plein cauchemar : l’insula et le cortex cingulaire. « L’insula est aussi impliquée dans l’évaluation des émotions à l’éveil, et s’active systématiquement en cas de peur ressentie. Le cortex cingulaire, quant à lui, joue notamment un rôle dans la préparation des réactions motrices et comportementales en cas de danger », décrivent les scientifiques. C’est la première fois que la science met au jour une nette corrélation entre les mécanismes cérébraux de la peur éprouvée pendant le sommeil d’une part, et dans la vie réelle d’autre part.
Seconde étape de l’étude, les scientifiques ont distribué des carnets de rêve à chaque volontaire. Chaque matin pendant une semaine, chacun a décrit ses rêves (à condition de s’en souvenir !). Et identifié la peur si jamais cette sensation survenait pendant la nuit. Après 7 jours, tous ont bénéficié d’un l’électro-encéphalogramme à haute densité (EEG). Des images négatives (scènes d’agressions, images angoissantes…) puis neutres leur ont été présentées.
« Nous avons constaté que plus une personne avait ressenti de la peur dans ses rêves, moins l’insula, le cingulaire et l’amygdale étaient activés lorsque cette même personne était confrontée à des images négatives », détaille Virginie Sterpenich, chercheuse au Département de neurosciences fondamentales de la Faculté de médecine de l’UNIGE. Comme si le fait d’avoir été confronté à la peur pendant leur sommeil immunisait contre cette sensation dans la vie de tous les jours. Ou, du moins, aidait à mieux la gérer au quotidien.
Selon les chercheurs, la science des cauchemars peut être une piste thérapeutique dans la prise en charge du trouble anxieux. Sans pour autant monter dans un extrême degré de peur. En effet, « nous pensons que si un certain seuil de peur dans un rêve est dépassé, celui-ci perd son rôle bénéfique de régulateur émotionnel », conclut Lampros Perogamvros, chercheur dans le laboratoire suisse ‘Sommeil et Cognition’.
* collaboration avec l’Université du Wisconsin (USA)
**Département de neurosciences fondamentales de la Faculté de médecine de l’UNIGE et chef de clinique scientifique au Centre de médecine du sommeil des HUG
Source : Human Brain Mapping, le 25 novembre 2019
Ecrit par : Laura Bourgault – Édité par : Emmanuel Ducreuzet
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