Excision : renforcer le suivi des femmes enceintes
22 décembre 2015
©Hannah McNeish/IRIN
Dans le monde, 130 millions de femmes sont excisées. Parmi elles, 5% d’Européennes. En plus de dénigrer la liberté des femmes à jouir de leur propre corps, ces actes mutilants entraînent un risque élevé de complications obstétricales. Pourtant les équipes médicales seraient encore trop peu formées à diagnostiquer et donc à prendre en charge les femmes concernées.
En France, 50 000 femmes sont excisées. Ablation partielle des organes génitaux externes et/ou tout geste pratiqué sur les organes génitaux, les mutilations sexuelles féminines (MSF) touchent les enfants, les jeunes filles et les femmes. Justifiés par des « motifs culturels ou tout autre motif non thérapeutique », ces actes mutilants entraînent un risque obstétrical élevé chez les femmes enceintes.
Quel devenir obstétrical ?
« Dans les pays où l’accès aux soins est compromis, les complications liées aux mutilations sexuelles paraissent beaucoup plus importantes », rapportent les auteurs de la revue spécialisée Gynécologie Obstétrique Pratique. Pour évaluer l’ampleur de ce fléau, l’OMS a mené une étude en Afrique à travers 28 hôpitaux ruraux et CHU. Au total, 28 509 naissances ont été observées. Résultat, « les MSF augmentent le risque de travail prolongé, d’hémorragie du post-partum, de traumatisme périnéal, de césariennes, de réanimations néonatales et de morts néonatales ».
Une méta-analyse regroupant 185 études et portant sur 3,17 millions de femmes (en Afrique, aux Etats-Unis et en Europe) confirme également cette hausse du risque de complications obstétricales. Enfin selon une étude menée en France à la maternité de Saint-Denis (93), 14% des patientes entrant en salle de naissance ont été victimes de mutilations sexuelles. En formant deux groupes (femmes excisées et femmes non excisées), les auteurs de ce travail ont observé une différence de prise en charge : « les victimes de MSF bénéficiaient d’un nombre significativement plus élevé d’épisiotomies, de césariennes et de soins néonataux ».
Quelle prévention ?
Pourtant dans plusieurs pays occidentaux, « les professionnels de santé peinent à établir le diagnostic des patientes victimes de MSF, même au cours d’un suivi de grossesse ». Principale explication, le manque de formation des équipes médicales. Pour anticiper le risque de complications liées aux mutilations, il est préconisé :
- De systématiser l’observation des organes génitaux externes au cours du suivi de la grossesse par les sages-femmes ou les gynécologues ;
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Source : Gynécologie Obstétrique Pratique n°279, novembre 2015.
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Ecrit par : Laura Bourgault : Edité par : Emmanuel Ducreuzet