Fausse-couche : un nécessaire travail de deuil

05 décembre 2016

Quel que soit le stade de la grossesse, les fausses-couches sont toujours douloureuses à vivre. Pourtant, si on sait parfaitement les prendre en charge sur le plan médical, beaucoup de couples confrontés à cette épreuve se sentent encore isolés et souffrent de voir leur peine peu entendue. Or pour parvenir à accepter la perte d’un enfant, celle-ci doit être reconnue comme tel.

« Tu sais, c’est fréquent », « Vous en aurez un autre, tu es encore jeune », « Il vaut mieux que ça se soit arrêté à ce stade »… Ces phrases souvent prononcées par l’entourage se veulent réconfortantes, mais elles ne font qu’accroître la détresse des parents. Car même quand celles-ci surviennent en début de grossesse, les fausses-couches ne sont jamais anodines. Quand une grossesse s’interrompt, les projections d’une vie de famille sont stoppées nets. A l’incompréhension se mêle souvent un fort sentiment de culpabilité chez les mamans, auquel il faut ajouter les bouleversements hormonaux qui ne font qu’amplifier le ressenti. Les papas, souvent oubliés, souffrent eux aussi et se sentent impuissants.

Physiologiquement parlant, une fausse-couche n’a généralement pas de conséquence sur les futures grossesses. Mais psychologiquement, elle a un fort impact. On estime que 10% à 50% des femmes souffrent d’anxiété et de dépression dans les mois qui suivent. Une étude publiée en novembre 2016 dans le British medical journal (BMJ) a montré que 3 mois après leur fausse-couche, 38% des femmes interrogées étaient diagnostiquées en état de stress post-traumatique.

Exprimer son ressenti

Pour les spécialistes, il est essentiel de permettre aux parents d’exprimer leur ressenti, que ce soit avec un thérapeute et/ou avec d’autres couples ayant traversé la même épreuve. Il existe plusieurs associations : l’Enfant Sans Nom – Parents Endeuillés, SOS bébés… Ils encouragent aussi les familles à donner un prénom à l’enfant perdu, à l’enregistrer sur leur livret de famille et à lui organiser des obsèques. Donner une identité au bébé qui n’est pas né aide à se reconstruire. Depuis les décrets de 2008, cette possibilité est étendue aux fausses-couches survenues à partir de la 15e semaine d’aménorrhée.

A lire : Quel âge aurait-il aujourd’hui ? Le tabou des grossesses interrompues, Dr Stéphane Clerget, Fayard ; Le deuil périnatal – Le vivre et l’accompagner, Chantal Haussaire-Niquet, éditions Le Souffle d’Or.

  • Source : Sites du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens et de l’association Valentin A.P.A.C, décembre 2016

  • Ecrit par : Aurélia Dubuc – Edité par : Dominique Salomon

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