Films d’horreur : pourquoi notre cerveau aime-t-il se faire peur ?

14 février 2020

A condition de se sentir en sécurité, les êtres humains sont globalement fascinés par ce qui les effraient. Mais pourquoi sommes-nous friands de la sensation de peur ? Comment le cerveau réagit-il devant un film d’horreur ?

Excepté les phobies ou situations de réels dangers, l’espèce humaine est adepte de la sensation de peur. Loopings endiablés, parties de cache-cache dans le noir, fausses courses-poursuites, sports extrêmes… dans ces contextes, l’instinct de survie se met en route. Le cœur palpite, l’envie de fuir survient, ou au contraire les muscles se paralysent, on crie ou à l’inverse on devient muet… tous les signaux d’alerte se déclenchent alors même que le sujet est en sécurité. A l’origine, la sécrétion d’adrénaline, hormone qui nous permet de réagir au stress.

L’excitation nous mène à l’horreur

Prenons un cas précis. Comment réagit le cerveau devant un film d’horreur ? Des chercheurs finlandais* ont répondu à cette question, tout d’abord en classant les 100 meilleurs films d’horreur du siècle dernier. « L’échine du Diable » de Guillermo Del Toro arrive ainsi en tête. Suivi de « The Strangers » du sud-coréen Na Hong-jin et « Conjuring, les dossiers Warren » de James Wan. Ils ont ensuite interrogé leurs compatriotes pour connaître leur fréquence de visionnage de ce genre de films. Résultat, 72% ont regardé au moins un film d’horreur tous les 6 mois.

Au-delà de l’anxiété et de la peur, une sensation d’excitation les a poussés à visionner ce type de production. Ces films représentaient aussi des occasions pour passer de bons moments avec leurs proches, étant donné que la plupart des gens préfèrent éprouver la peur à plusieurs plutôt qu’en solitaire.

Ce qui effraie le plus ? Les scènes irréalistes auxquelles les volontaires n’ont pu s’identifier, bien plus que les situations issues de faits réels. Ce point met en avant les deux sortes de peur expérimentées : « l’effroi lancinant survenant en cas d’événements anormaux, [d’une nature plus intellectuelle], et la réponse instinctive enclenchée quand un monstre nous fait bondir, [plus de l’ordre du réflexe] », détaille le Pr Lauri Nummenmaa, principal auteur de l’étude.

Derrière l’écran, nos cerveaux sont manipulés

Grâce à l’IRM, les scientifiques ont ensuite analysé l’activité neuronale de volontaires pendant le visionnage d’un film d’horreur. « Pendant que l’anxiété augmente progressivement, les régions du cerveau impliquées dans la vision et l’audition deviennent plus actives. Signe qu’une menace est attendue », décrit le Pr Nummenmaa. « Après un choc émotionnel, l’activité cérébrale augmente dans les centres émotionnels. Ces structures jouent un rôle dans l’évaluation du danger et dans la capacité à réagir. »

Pendant tout le long du film, les régions sensorielles restent en éveil, le réseau neuronal est prêt à réagir au moindre événement effrayant. « Un cerveau sous excitation permanente », quelque part sous emprise.

*University of Turku

  • Source : University of Turku, le 24 janvier 2020

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Édité par : Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils