France : vaccinations en chute libre
13 mars 2013
Les ventes de vaccin ne cessent de baisser en France. ©Phovoir
Les ventes de vaccins en France, ont accusé un recul majeur en 2012. Selon des chiffres publiés par le leader mondial de la veille économique en matière de santé IMS Health, la tendance est générale et non pas circonscrite à quelques pathologies particulières.Tous les vaccins sont concernés par un mouvement de fond, qui paraît lié à un climat général de défiance. Or à terme, ce phénomène pourrait être à l’origine de véritables problèmes de santé publique. Il ne s’agit pas d’inquiétudes infondées. : la reprise de l’épidémie de rougeole qui touche la France depuis 2008, en est une première illustration.
Selon les données d’IMS Health, la chute des ventes des vaccins est inégale mais quasi générale :
- Moins 40% pour les vaccins anti-rougeoleux ;
- Moins 33% pour la rubéole et moins 11% pour les vaccins associés RRO (Rougeole, Rubéole, Oreillons) ;
- Moins 26% pour les vaccins anti-méningococciques ;
- Moins 23% pour les vaccins contre la typhoïde ;
- Moins 8% pour les vaccins antitétaniques ;
- Moins 6,5% pour les vaccins contre l’hépatite B ;
- Et moins 2% enfin, pour les vaccins anti- pneumococciques.
« Entre 2008 et 2012, les chiffres révélaient déjà une baisse de 12% du marché des vaccins en unités, et de 30% en valeur », explique IMS Health. C’est dire s’il s’agit bien d’un mouvement de fond, qui s’inscrit dans ce qu’il est convenu d’appeler une tendance lourde.
Défiance générale
Pour ce qui concerne le vaccin antigrippal, les ventes sont passées entre 2008 et 2012, de 10 à 8 millions de doses. Soit une baisse de 20%. Celle-ci « est intervenue essentiellement entre 2008 et 2009, année marquée par les controverses à propos de la grippe A (H1N1). Elle s’est maintenue et n’a pas été compensée les années suivantes », explique Robert Chu, Président d’IMS Health. De manière générale, les recommandations vaccinales des autorités ne semblent guère influer sur les comportements. L’avis émis en mars 2011 par le Haut Conseil de la Santé Publique, et recommandant l’administration de deux doses de vaccin RRO aux personnes nées entre 1980 et 1991, n’a par exemple pas été suivi d’effets.
Selon le Pr Emmanuel Grimprel, pédiatre et infectiologue à l’hôpital Armand Trousseau de Paris, « nous assistons aujourd’hui à des débats irrationnels, différents dans chaque pays, sur les effets secondaires des vaccins. Ces polémiques délétères conduisent à faire baisser brutalement la couverture vaccinale de la population, et posent effectivement un risque de résurgences des maladies qui peuvent être prévenues par la vaccination ».
Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Marc Gombeaud