Freins et pneus de voitures : les pollueurs inattendus
05 juin 2023
Grâce à la généralisation des filtres à particules, la pollution issue des pots d’échappement a fortement baissé ces dernières années, en France et en Europe. En parallèle, la pollution provenant de l’abrasion des freins, des pneus et des chaussées a elle augmenté. Avec quelles conséquences pour la santé ?
Avec la République tchèque, la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie et l’Italie, la France fait partie des pays européens ayant récemment annoncé leur opposition aux normes antipollution Euro 7 proposées par la Commission européenne, qui visent à durcir les règles en matière de construction automobile à partir de 2025. L’application de ces nouvelles normes ferait bondir les coûts de production, argumentent les huit pays européens.
Objectif d’Euro 7 ? Réduire encore davantage la pollution de l’air liée au transport routier, en agissant notamment sur les émissions des polluants provenant des freins et des pneus. Car les études le montrent : une grande partie de la pollution atmosphérique aux particules fines ne provient plus des pots d’échappement des voitures, désormais largement dotés de filtres à particules, mais « de l’abrasion des freins, des pneumatiques et chaussées », écrivait l’Agence de la transition écologique (Ademe) dans une note d’expertise sur « Les particules hors échappement », publiée en avril 2022.
Éléments métalliques
En France, poursuit le rapport, cette pollution « hors échappement » représentait, en 2019, 59% des PM10 (les particules dont le diamètre est inférieur à 10 µm), et 45% des PM2,5 (dont le diamètre est inférieur à 2,5 µm). Leur spécificité ? Elles contiennent divers éléments métalliques, comme le fer, le cuivre, le zinc, l’aluminium ou le baryum. « A cause de ces éléments métalliques, quelques études toxicologiques suggèrent que ces particules pourraient présenter un danger pour la santé », indiquent les experts.
Ils reconnaissent cependant que ces travaux ne permettent pas de mesurer l’impact spécifique de la pollution hors échappement : « Il n’est pas certain que les concentrations réelles de particules hors échappement aient des effets significatifs, ni que leur nuisance soit similaire à celle des autres polluants des gaz d’échappement des véhicules. » Les auteurs citent toutefois des travaux récents qui montrent que « le potentiel oxydant des particules de frein serait supérieur à celui des particules Diesel ».
A noter : On considère généralement que le trafic routier est responsable d’un quart des émissions de PM2,5, capables de pénétrer profondément dans l’appareil respiratoire jusqu’aux alvéoles pulmonaires. L’exposition chronique à ces particules fines contribue à augmenter le risque de contracter des maladies cardiovasculaires, respiratoires, ainsi que certains cancers pulmonaires, indique le site Airparif. « Les particules PM2.5 issues du trafic routier altèrent aussi la santé neurologique (performances cognitives) et la santé périnatale ».