Greffe du rein : l’IA pour corriger les diagnostics erronés de rejets

05 juin 2023

Une équipe française a mis au point un assistant informatique automatisé qui permet de corriger 40% de mauvais diagnostics de rejet de greffe de rein. Explications.

L’intelligence artificielle pour mieux diagnostiquer le rejet de greffe. C’est le pari d’une équipe de chercheurs de l’AP-HP, de l’Université Paris Cité et de l’Inserm. Celle-ci vient de mettre au point un logiciel qui optimise le diagnostic de rejet de greffe. Les résultats de cet outil innovant ont récemment été publiés dans la revue Nature Medecine.

Le rejet est la première cause d’échec de greffe après une transplantation de rein. Le diagnostic de rejet repose sur une classification internationale dite de Banff, élaborée en 1991. Il s’agit pour l’équipe soignante d’analyser et d’intégrer les données histologiques, immunologiques ou encore transcriptomiques (étude des ARN messagers) des patients qui devra guider le diagnostic et leur prise en charge thérapeutique. « Cette complexité dans le diagnostic du rejet, initialement nécessaire pour mieux comprendre et définir son type et sa gravité, est devenue une problématique quotidienne pour les médecins, confrontés à des situations où il peut être difficile de poser un diagnostic correct », lit-on dans le communiqué de presse diffusé par l’AP-HP.

Médecins et data scientists réunis

Conséquences ? Un nombre croissant de diagnostics incorrects posés par les médecins et qui entrainent une mauvaise prise en charge des patients.

L’équipe de chercheurs français a élaboré un système informatique capable de corriger plus de 40 % des diagnostics. Pour y parvenir, un consortium international d’experts en transplantation, néphrologie, anatomopathologie et épidémiologie a étudié la littérature scientifique de ces 30 dernières années sur les règles de la classification de Banff, les data scientists et développeurs informatiques ont ensuite élaboré un algorithme à partir de ces données.

Un diagnostic en quelques clics

Développeurs et programmeurs ont alors pu mettre au point un logiciel capable, à partir de cet algorithme, d’interpréter l’ensemble des données médicales de plus de 4 000 patients transplantés rénaux de centres européens et nord-américains. « Les résultats sont sans appel, puisque plus de 40 % des diagnostics sont corrigés et requalifiés par la machine. Cet outil permettra de mieux traiter les patients et également d’améliorer les essais cliniques et le développement de traitements immunosuppresseurs », affirme le Pr. Alexandre Loupy au Centre d’expertise de la transplantation multi-organes de Paris, à l’origine de ce logiciel.

Très simple d’utilisation, l’outil permet d’obtenir un diagnostic en quelques clics. « Cet assistant informatique, qui permet d’améliorer la performance diagnostique des phénomènes de rejet, a été validé par toutes les sociétés internationales de transplantation, et sera donc prochainement utilisé par les équipes de transplantation du monde entier pour améliorer la prise en charge des patients », écrit l’AP-HP.

En 2022, 3 376 greffes de rein ont été réalisées en France. Avec un taux de rejet de l’ordre de 10 à 20 % des cas et une pénurie d’organes disponibles, améliorer le diagnostic de rejet semble primordial.

  • Source : An automated histological classification system for precision diagnostics of kidney allografts, Nature Medecine, 4 mai 2023

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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