Greffes rénales : d’immenses disparités régionales
19 juin 2018
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Des délais entre 13 mois à Caen et… 5 ans à Paris ! L’attente pour une greffe de rein présente de nettes inégalités géographiques. Un fléau déjà dénoncé dans le passé qui ne fait que s’aggraver.
En France, « d’une région à l’autre, d’un centre à l’autre, le délai d’attente pour une greffe de rein varie de 13,1 mois à 66 mois », dénonce l’association de patients Renaloo. Mais en 5 ans, la situation n’a fait qu’empirer.
A ce jour, « 5 équipes ont des durées d’attente inférieures à 1 an et demi : Caen, Rennes, Marseille, Poitiers et Brest ». Et « à l’inverse, 4 équipes ont des durées supérieures à 4 ans : Créteil, hôpitaux parisiens Saint-Louis, Foch et Tenon ».
Des reins sanctuarisés
Comme le rappelle Renaloo, la loi française veut que pour deux reins prélevés, un seul soit « mis en commun au niveau national*». L’autre rein peut être greffé localement, donc « dans l’établissement où est réalisé le prélèvement ». Ces reins dits « sanctuarisés » ne peuvent bénéficier qu’aux quelques centaines de patients de cet établissement. Des principes « contribuant au maintien des iniquités », estime Renaloo.
Une partie du corps médical dénonce ainsi ce principe qui remonte aux années 1970. « C’est un système inéquitable car les taux de prélèvements ne dépendant pas que des équipes », argumente le Pr Lionel Rostaing, transplanteur au CHU de Grenoble. Des facteurs épidémiologiques, démographiques et géographiques entrent en effet en ligne de compte.
« Par exemple, à Paris, la population est plus jeune : il y a donc moins d’accidents vasculaires cérébraux. De même on y meurt moins d’accidents de la route. De fait, il y a moins de morts encéphaliques et donc moins de reins disponibles pour de nombreuses équipes. » Alors que la demande est forte en raison d’une importante densité de population.
*17 700 Français étaient en attente d’une greffe de rein en 2016.