Grossesse : prévenir les maladies non transmissibles

06 mai 2016

Dans le monde, 303 000 décès maternels sont survenus en 2015. Facteurs de risque les plus connus, les complications gynécologiques. Mais indirectement, les maladies non transmissibles comme les maladies cardiovasculaires menacent aussi la vie des femmes enceintes.

Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, le taux de décès maternel* est en recul depuis une dizaine d’années.  Les efforts menés pour limiter les complications traditionnelles comme les hémorragies post-partum portent en effet leurs fruits.

Mais les décès maternels liés aux maladies non transmissibles, eux ne reculent pas : « la mortalité des femmes enceintes engendrée par un diabète de type 2, une maladie cardiovasculaire reste importante », révèlent des chercheurs américains et mexicains dans le dernier Bulletin de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

En chiffres

Ce phénomène appelé « transition obstétrique » correspond à l’évolution des motifs de décès maternels de causes directes (complications gynécologiques) vers des causes indirectes (maladies non transmissibles). Pour mieux l’évaluer, l’équipe du Dr Rafael Lozano, directeur adjoint de l’Institut national de santé publique du Mexique, a répertorié les origines de 9 043 décès maternels survenus au Mexique.

Résultat, « entre 1990 et 2015, le nombre de décès maternels liés à des facteurs obstétricaux a baissé de 46,4 à 32,1 pour 100 000 naissances vivantes ». Mais le nombre des femmes enceintes victimes de complications autres que gynécologiques n’a pas diminué. Le taux de mortalité est passé de 12,2 décès pour 100 000 naissances en 2006 contre 13,3 en 2013. Aujourd’hui, un quart des décès maternels dans le monde sont liés à des causes indirectes.

Précarité et alimentation…

« Les décès maternels directs concernent les femmes [vivant] dans les municipalités les plus pauvres », explique le Dr Rafael Lozano. En revanche, « les femmes décédant de causes indirectes ont généralement vécu moins de grossesses, présentent un niveau d’éducation plus élevé et vivent généralement dans des localités plus riches ».

En plus du niveau de vie, la malnutrition constitue aussi un facteur de risque majeur dans la hausse de la mortalité par maladies non transmissibles. « Comme dans beaucoup de pays à revenu intermédiaire, le Mexique a enregistré une rapide augmentation de l’hypercholestérolémie et de l’obésité au cours des dernières années ».  Facteurs de risque de diabète de type 2 et d’hypertension, ces maladies réduisent l’espérance de vie des femmes enceintes.  Au total, le surpoids concerne 70% des Mexicains, parmi eux 30% ont un IMC supérieur à 30 et présentent donc une obésité. Enfin le Mexique est le pays où la prévalence du diabète est la plus élevée parmi les 34 pays de l’Organisation de Coopération et de Développement économique ».

Quelles solutions ?

Généralement préexistantes et aggravées par la grossesse, ces complications s’avèrent évitables. Mais pour diminuer le nombre de décès indirects, les obstétriciens et autres personnels de santé spécialisés (sages-femmes) doivent :

  • Prendre en compte la santé globale de la femme et non seulement les complications spécifiques à la grossesse ;
  • Renforcer ce suivi avant et après l’accouchement. Et non seulement pendant la naissance comme le permettent déjà les programmes de santé maternelle ;
  • Investir dans les systèmes de comptabilisation des décès maternels pour mieux répertorier les facteurs de risque.

*correspond au nombre de femmes ne survivant pas à l’accouchement dans les 42 jours suivant la naissance

  • Source : Bulletin de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le 2 mai 2016

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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