Des pistes contre la mortalité maternelle

12 avril 2016

Malgré une nette amélioration depuis les années 90, des obstacles perdurent dans la lutte contre la mortalité liée à la grossesse et à l’accouchement. Le 5e objectif du millénaire prévoyait en effet de réduire de 3/4 le taux de décès maternels dans le monde. Expiré en 2015, ce dernier s’est soldé par « un échec », constate l’ONG Gynécologie sans frontières (GYNSF). Comment limiter au mieux le risque de complications gynécologiques ?

En 1990, le nombre de femmes décédées de complications liées à la grossesse et à l’accouchement était de 400 pour 100 000 naissances vivantes. En 2010 ce taux s’établissait à 210 décès. En 20 ans, le taux de mortalité maternelle a donc quasiment diminué de moitié. Ceci grâce notamment à un accroissement du personnel obstétrical. Ainsi, en 1990, seules 59% des naissances étaient assistées par un personnel soignant qualifié contre 74% en 2014. Du mieux donc, mais « la couverture des soins périnataux reste faible dans les pays en voie de développement », ont expliqué les professionnels présents lors de la 5e Journée Humanitaire sur la santé des femmes organisée par l’ONG Gynécologie sans frontières.

Peu d’argent, beaucoup d’inégalités…

 « Les actions restent sous-financées à l’échelle mondiale. La priorité est donnée à l’éradication de l’épidémie du VIH/SIDA, une démarche justifiée, mais les fonds versés à la gynécologie sont insuffisants ». Face à cette réalité, la Banque mondiale, le Canada, les Etats-Unis, les Nations Unies et la Norvège ont alloué une enveloppe de douze milliards de dollars – en juillet 2015 – pour mettre fin à la mortalité maternelle et infantile d’ici à 2030.

… et peu de professionnels

Autre obstacle, le manque de sages-femmes et de maïeuticiens dans le monde. « Il existe un écart considérable entre le nombre de [professionnels] en activité et celui nécessaire pour sauver des vies », relève l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). A titre d’exemple, il manque à ce jour 2 000 sages-femmes en Ouganda pour couvrir les besoins en soins obstétricaux. Autre point, les effectifs ne sont pas répartis de manière équitable. « Les nations les plus défavorisées ne possèdent que 42% des professionnels de santé sur place », peut-on lire dans le rapport « L’état de la pratique de sage-femme dans le monde 2014 : sur la voie de l’universalité. Le droit de la femme à la santé ».

Mais des solutions !

Pour renforcer la qualité des soins dans les pays défavorisés, Gynécologie sans frontières mise sur :

  • Les dispositifs de surveillance des décès maternels et des morbidités, incontournables pour mieux repérer et donc anticiper la survenue de complications iatrogènes ;
  • Les approches communautaires. Soit la mobilisation des ressources et des professionnels locaux pour assurer la proximité des femmes avec les structures de soins. Objectif, inciter à la consultation. « A ce niveau, l’approche humanitaire doit accompagner le personnel local sans l’assister afin que les gestes puissent être intégrés » ;
  • La gratuité des soins obstétricaux d’urgencepour favoriser les soins. Au Bénin, la prise en charge financière des césariennes par l’Etat a permis de nettement diminuer le taux d’accouchement classique. Une avancée importante lorsque la naissance par voie basse met en péril la santé de la mère et/ou de l’enfant ;
  • La prévention contre les violences morales et physiques faites aux femmes: les agressions basées sur le genre, les mutilations génitales et les mariages forcés sont encore trop courants. Exemple édifiant, « depuis 2015 seulement, une loi interdit les mariages des mineurs au Tchad et diminue donc l’exposition des femmes à des grossesses non désirées souvent sources de fragilité voire de diminution de l’espérance de vie ». Sur le papier cette loi est « un pas en avant, mais on ne sait pas encore quand, ni comment ce nouveau texte va être appliqué ».
  • Source : 5e Journée Humanitaire sur la santé des femmes, organisée par Gynécologie sans frontières le 11 mars 2016 à Paris.

  • Ecrit par : Laura Bourgault : Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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