Mortalité maternelle : la maïeutique au cœur de la lutte

14 avril 2016

Les sages-femmes et les maïeuticiens figurent en première ligne pour limiter les risques liés à la grossesse et à l’accouchement. Ainsi ces professionnels de santé jouent un rôle clé dans le combat mené depuis des décennies pour diminuer le taux de décès maternel. Mais ils ne bénéficient pas toujours d’une pleine reconnaissance.

Humanitaires ou locaux, les sages-femmes et les maïeuticiens en exercice dans un pays défavorisé sont souvent associés à la troisième main du médecin. Résultat, un « manque d’autonomie des [professionnels de santé] lié à la forte subordination médicale », pointe l’Organisation mondiale de la Santé à ce sujet. Pourtant, ces derniers « s’avèrent indispensables dans le diagnostic et la prise en charge de complications périnatales », ont rapporté les professionnels présents à l’occasion de la 5e Journée Humanitaire sur la santé des femmes, organisée par l’ONG Gynécologie sans frontières.

Vers une meilleure reconnaissance ?

Certains pays ont été précurseurs dans la valorisation de ce métier. Exemple ? En Suède les sages-femmes ont été reconnues à la fin du 19e siècle. Résultat, « le taux de décès maternels a drastiquement diminué entre 1850 et 1940 ». Mais aujourd’hui encore dans la plupart des pays, notamment ceux en voie de développement, cette compétence passe encore au second plan. Le taux de prise en charge et la qualité des soins des femmes enceintes en pâtissent. Pour améliorer cette situation, Gynécologie sans frontières entend valoriser le rôle des professionnels locaux. Concrètement, l’ONG recommande :

  • D’augmenter la rétribution salariale. « A titre d’exemple, une sage-femme gagne en moyenne 150 euros par mois au Burkina Faso, soit la somme dépensée pour les trajets aller-retour du domicile au travail ». Un faible niveau de vie commun à la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest. Conséquences, certaines sages-femmes n’ont pas d’autres choix que de fixer leurs actes à des tarifs très élevés, dissuasifs pour les femmes ;
  • De sensibiliser les médecins et les infirmières spécialisées à la pratique du métier de sage-femme pour une meilleure couverture de l’approche obstétricale et favoriser le travail en équipe. Ces soins sont capitaux lors du suivi de la grossesse et de l’accouchement ;
  • De renforcer la formation des professionnels locaux aux visites prénatales et aux accouchements médicalement assistés, deux piliers qui permettent d’améliorer des soins obstétricaux. La Confédération internationale des sages-femmes réclame de son côté la pratique obligatoire de 50 accouchements assistés dans les formations avant de pouvoir exercer. Enfin, « le Président François Hollande a récemment répondu à l’appel des Nations unies et enclenché une union avec l’Afrique du Sud ». Les deux pays rendront un rapport en juin 2016 « sur le déploiement et la formation continue des professionnels de santé en gynécologie ».
  • Source : 5e Journée Humanitaire sur la santé des femmes, organisée par Gynécologie sans frontières le 11 mars 2016 à Paris.

  • Ecrit par : Laura Bourgault : Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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