Hépatites : dépister et vacciner !
19 mai 2014
« Dépistées tardivement ou mal traitées, les hépatites B et C peuvent rapidement évoluer vers la cirrhose ou le cancer du foie ». ©Inserm/Latron Patrice
A l’occasion de la Journée nationale de lutte contre les hépatites ce 19 mai, l’Agence nationale de recherche sur le SIDA et les hépatites (ANRS) a publié son rapport intitulé « Prise en charge des personnes infectées par le virus de l’hépatite B ou de l’hépatite C ». Ses auteurs insistent sur l’importance du diagnostic précoce, mais aussi de l’accès aux soins des 500 000 patients concernés en France.
Améliorer le dépistage. Coordonné par le Pr Daniel Dhumeaux (CHU Henri Mondor, Créteil), président du Comité de suivi et de prospective du plan national de lutte contre les hépatites B et C 2009-2012, le rapport vise la protection des populations à risque. Retards de prise en charge, pertes de chances…, les hépatites virales B et C atteignent particulièrement les populations éloignées des parcours de soins : « les usagers de drogue, les migrants issus de zone d’endémicité élevés, les détenus et les homosexuels ».
Ses auteurs y préconisaient donc:
- L’élargissement du dépistage aux hommes de 18 à 60 ans, ainsi qu’aux femmes enceintes dès la première consultation prénatale. L’objectif étant de limiter le nombre de malades maintenus dans l’ignorance de leur traitement. En France, « la moitié des 300 000 patients atteints d’hépatite B et un tiers des 200 000 personnes atteintes d’hépatite C ignorent leur statut sérologique », précisent les experts de l’ANRS et de l’Association française pour l’étude du foie (AFEF).
- L’autorisation des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) sans délai et en couplage avec ceux du VIH. Lesquels viennent de faire l’objet d’une validation par la Haute Autorité de Santé, pour dépister le VHC uniquement. Cette mesure doit encore faire l’objet d’un arrêté ministériel avant d’être appliquée. Auquel cas les TROD permettront de déterminer le statut sérologique d’une personne en moins de 30 minutes. Car « contrairement aux mesures prises en novembre 2010 concernant le dépistage rapide du VIH-SIDA, la Haute Autorité de Santé ne prévoyait jusqu’ici pas de cadre spécifique dans le cas des hépatites », nous précise le Dr Marie-Dominique Pauti, médecin-coordonateur VIH/hépatites/IST/Tuberculose de l’ONG Médecins du Monde.
Elargir la couverture vaccinale. Autre point préconisé par le rapport Dhumeaux : le renforcement de l’accès aux vaccins et aux traitements. En nette progression chez les nourrissons, la vaccination contre l’hépatite B reste en effet largement insuffisante auprès des populations à risque. Par exemple, la moitié des usagers de drogues sont ainsi protégés contre l’hépatite B. Par ailleurs, l’ANRS regrette que « seuls 88% des médecins généralistes » – pour lesquels la vaccination est rendue obligatoire – sont immunisés contre les hépatites B.
Très chères molécules… Chaque année en France, 4 000 patients décèdent des suites de ces infections virales. « Mieux tolérés et plus puissants, les nouveaux antiviraux à action directe (ADD) permettent pourtant de réduire la durée du traitement et mèneraient à la guérison dans 9 cas sur 10 », précise l’ANRS. Reste que ces traitements tels que le Sofosbuvir® sont disponibles sur le marché « à des prix exorbitants en France comme à l’international » : 56 000 euros pour trois mois de traitement par patient. Soit 666 le comprimé quotidien…
Le rapport du Dr Daniel Dhumeaux est disponible et téléchargeable sur les sites web du ministère des Affaires sociales et de la Santé : www.sante.gouv.fr, de l’ANRS : www.anrs.fr et de l’AFEF : www.afef.asso.fr. Mais également en vente en librairie (éditions EDK/EDP, 30 euros).