











Accueil » Médecine » Santé mentale » Hikikomori : quel est ce syndrome d’isolement apparu au Japon ?
© Igor Faun/Shutterstock.Com
Le terme hikikimori provient du japonais hiku (hiki) « que nous pourrions traduire par ‘reculer’, et komoru (komori) pour ‘se cloîtrer’ », souligne la psychologue et ingénieure d’études hors classe CNRS Natacha Vellut (Cermes – Centre de recherche médecine, science, santé et société), qui travaille sur ce sujet. Il est apparu « au Japon à la fin des années 1980 et désigne des cas de réclusion à domicile de jeunes, adolescents ou jeunes adultes ». Le terme désigne aussi le syndrome qui pousses ces jeunes à s’isoler du reste du monde.
Plusieurs causent expliquent le phénomène : difficultés à s’insérer dans la vie professionnelle, pression des réseaux sociaux, crise climatique et récemment la pandémie de Covid 19. Ce dernier facteur aurait largement accru le nombre d’Hikikimori dans l’archipel japonais. Selon une étude du gouvernement japonais, relayée par Radio France, ils seraient actuellement 1,5 millions, âgés de 15 à 64 ans.
La scientifique développe : « ces jeunes gens, vivant retirés dans leur chambre, s’abstiennent de toute relation que nous pourrions attendre d’eux à leur âge : ils ne s’investissent plus dans leurs études, ni dans leurs activités de loisir, ni dans des relations amicales ou amoureuses. Ils s’enferment, même si leur réclusion peut être relative, à leur domicile, c’est-à-dire le plus souvent au domicile familial, et se replient sur des relations a minima avec les membres de leur entourage vivant sous le même toit ». Pour la chercheuse, est hikikimori tout jeune qui a passé au moins 6 mois confiné, par choix, chez lui.
Natacha Vellut décrivait dans un entretien pour le Journal du CNRS les conséquences durablement ancrées de cet isolement. « Ces jeunes vivent dans un espace-temps très réduit, où les repères temporels se brouillent. D’ailleurs, beaucoup de hikikomori inversent le rythme jour-nuit ! Ils perdent toute notion de durée, car le temps devient très cyclique, très quotidien, et toute notion découlement du temps disparaît ». Le retour à la réalité peut être brutal avec la survenue d’angoisses.
A noter que cette réclusion à domicile apparaît aussi souvent associée à un « usage excessif » des jeux vidéo et d’internet en général. Si le phénomène a pris des « proportions alarmantes » au Japon où il constitue « un problème de santé publique et concerne des centaines de milliers de jeunes », il apparaît encore « discret » dans d’autres pays. Quelques cas ont ainsi été rapportés « dans la littérature, principalement psychiatrique », aux États-Unis, en Corée du Sud et en Australie, à Oman, à Hong-Kong, en Espagne et en Italie. Et en France ? Un blog* « dédié aux familles de jeunes qui présentent le syndrome hikikimori » a été créé. Son adresse : https://hikikomori.blog/
Source : Vellut, N. (2017). Retirés et connectés, les hikikomori et les écrans. Revue de l'enfance et de l'adolescence, 95, 145-164 – CNRS, Le Journal, Avec le confinement, sommes-nous devenus des Hikikimori, 6 juin 2020 France Inter, 5 avril 2023
Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet
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