Infarctus : les femmes écoutent trop peu leur cœur
08 mars 2019
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Fortement exposées au risque cardiovasculaire, les femmes ne seraient pas attentives aux symptômes féminins de l’infarctus du myocarde. Au point de ne pas avoir le réflexe d’appeler le 15 même en cas de douleurs…
Des maladies qui explosent chez les femmes. Chez les femmes, les maladies cardiovasculaires font de plus en plus de victimes. Notamment les infarctus du myocarde : « entre 2008 et 2013, le taux d’hospitalisation pour un infarctus du myocarde chez les femmes de 45 à 54 ans a progressé de 5% par an », note la Fédération française de cardiologie (FFC).Un message martelé depuis plusieurs années, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars.
Des symptômes différents. Un facteur de risque explique cette prise en charge insuffisante : des symptômes différents de ceux des hommes, et encore mal identifiés. « Près de la moitié des femmes de moins de 60 ans victimes d’un infarctus n’ont pas ressenti les symptômes classiques chez les hommes, comme une douleur dans la poitrine irradiant le bras gauche et la mâchoire », note le Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue au CHRU de Lille et présidente de la Fédération française de Cardiologie.
Comment reconnaître l’infarctus de la femme ? Les symptômes typiques associés à un infarctus du myocarde chez les femmes sont une sensation d’épuisement, d’essoufflement à l’effort et des nausées. Des douleurs à l’estomac, dans le dos, aux épaules, dans la nuque ou dans la gorge, éprouvées pendant plus de 15 minutes peuvent aussi alerter. « Ces signes avant-coureurs peuvent passer inaperçus et minorer l’alerte, sachant que les femmes ne sont pas suffisamment conscientes que l’accident coronaire peut les toucher. » Si un de ces signes survient et que vous êtes inquiète, appelez les urgences immédiatement.
Des chercheurs de la Société européenne de Cardiologie ont d’ailleurs mis en évidence ce lien entre le manque de réactivité des femmes et les délais trop longs de prises en charge. Grâce à la sélection de 7 582 patients atteints d’un infarctus du myocarde, les scientifiques ont prouvé que 45% des délais d’intervention surpassaient la durée standard recommandée. Parmi ces cas… une majorité de femmes, notamment les jeunes, qui avaient mis trop de temps à appeler le 15.
« Les femmes ont souvent tendance à sous-estimer leur douleur et à être dans le déni », déclare le Pr Claire Mounier-Vehier. « C’est une véritable perte de chance, car elles se remettent moins facilement. »
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Source : Société européenne de cardiologie, le 3 mars 2019
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Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Emmanuel Ducreuzet