Infections nosocomiales : 1 patient hospitalisé sur 20 en France
30 mai 2013
Les patients les plus sévères étaient hospitalisés en centres de lutte contre le cancer ou en réanimation, les patients les moins sévères en psychiatrie ou en obstétrique. ©Phovoir
En France, un patient hospitalisé sur vingt souffrirait d’une infection nosocomiale. Cette proportion qui ressort d’une grande enquête conduite par l’Institut de Veille sanitaire (InVS) en 2012, apparaît relativement stable par rapport au précédent travail de ce type réalisé en 2006.
Cette enquête nationale de prévalence (ENP) s’est déroulée « un jour donné » en mai 2012, dans 1 938 établissements de santé. Soit sur plus de 90% des lits d’hospitalisation en France. Au total, elle a concerné 300 000 patients, dont l’âge médian était de 67 ans. Son objectif était triple :
- mesurer le nombre de malades infectés ;
- recenser ces infections par type d’établissement, de service, de site infectieux et de micro-organisme en cause ;
- décrire les traitements anti-infectieux prescrits.
Dans ses conclusions, l’InVS souligne que « plus de 50% des patients hospitalisés en France avaient plus de 65 ans et présentaient un risque accru de complications infectieuses par rapport à la population générale ». Et cela compte tenu « de leur âge, de leur terrain, mais aussi des actes médicaux qu’ils avaient subis ou des dispositifs invasifs dont ils étaient porteurs (33% de cathéter veineux) ».
Inquiétantes résistances…
Ce travail montre ainsi que 5,1% des malades (15 180) étaient touchés par une infection nosocomiale. Dans trois cas sur quatre, elle avait été acquise dans l’établissement dans lequel le patient était hospitalisé au moment de l’enquête.
Trois bactéries ont été plus fréquemment retrouvées : Escherichia coli (26% des micro-organismes isolés), Staphylococcus aureus (15,9%) et Pseudomonas aeruginosa (8,4%). Les auteurs ont également récolté des indications sur la résistance à certains antibiotiques. C’est ainsi que 17,6% des souches d’E coli étaient résistantes aux céphalosporines de 3e génération et 38,1% des Staphylococcus aureus résistaient à la méticilline. L’InVS précise également que le jour de l’enquête, 16,6% des patients (50 000) étaient traités par au moins un antibiotique.
Pour une meilleure utilisation des antibiotiques
En conclusion, comparés à ceux de 2006, les résultats apparaissent contrastés : « diminution de la prévalence des patients infectés en établissements de soins de suite et de réadaptation, en soins de longue durée et en psychiatrie mais stabilité en court séjour ». La prévalence de certaines bactéries (SARM) a diminué tandis que d’autres (EBLSE) sont plus fréquemment retrouvées.
Les auteurs mettent encore en évidence « une stabilité de la prévalence des patients traités par antibiotiques et une forte augmentation des prescriptions pour certaines molécules (ceftriaxone, carbapénèmes). Lesquelles sont particulièrement génératrices de résistances bactériennes ».
L’INVS souligne enfin que cette « enquête est la première étape de l’évaluation du programme national de prévention des infections nosocomiales 2009-2013. Lequel permettra de dégager de nouvelles orientations stratégiques ».
Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet