Infertilité : l’efficacité du PGS encore en question

21 septembre 2016

Interdite en France, mais proposée dans de nombreuses cliniques à l’étranger et notamment en Espagne, le PGS est une technique de sélection de l’embryon. Elle consiste à n’implanter par fécondation in vitro (FIV) que les embryons ne présentant aucune anomalie chromosomique, souvent à l’origine de fausses couches. En principe, le PGS devrait donc augmenter les chances de mener une grossesse à terme. Or la réalité n’est pas si simple.

D’après la clinique IVI de Barcelone, « l’union de la FIV et du PGS augmente le pourcentage de grossesses à chaque transfert, dès la première tentative, jusqu’à 70% ». Une promesse difficile à tenir d’après les explications du Dr Jacqueline Mandelbaum, ancienne chef du service de Biologie de la Reproduction/CECOS de l’hôpital Tenon (75020); ancienne membre du CCNE. En effet, le PGS ou Screening Génétique Préimplantatoire n’a pas encore fait ses preuves.

Le PGS consiste à prélever un blastomère d’un embryon au 5e jour du développement. Objectif, analyser l’état des chromosomes de cette cellule. En cherchant ainsi les anomalies chromosomiques de l’embryon – autrement appelée aneuploïdie – les médecins ont pour objectif de ne transférer chez la femme que les embryons possédant un nombre normal de chromosomes. « Généralement, cette technique est destinée aux femmes âgées (plus de 38 ans) et aux couples qui connaissent des fausses couches à répétition », explique Jacqueline Mandelbaum. Rappelons que ces anomalies sont une des principales raisons des échecs de FIV.

Résultats non concluants

« Malgré les progrès réalisés depuis les débuts de cette technique, nous n’avons toujours pas la preuve de son efficacité », souligne le Dr Mandelbaum. En effet, « après avoir longtemps analysé seulement 5 chromosomes sur 24, nous sommes aujourd’hui capables de tous les étudier en même temps ». Certes, « trois études prospectives randomisées avaient montré qu’on obtenait un meilleur taux de naissances avec le PGS », poursuit-elle. Mais tout récemment, en juin et en septembre 2016, deux travaux scientifiques obtiennent des résultats différents.

Une étude américaine ne montre aucune différence chez les moins de 37 ans. Et chez les plus de 37 ans, « les femmes doivent souvent attendre de nombreux cycles pour se voir enfin implanter un embryon puisqu’elles en ont moins et qu’ils sont plus souvent porteurs d’anomalies ». Les résultats en termes de taux de naissance ne sont donc pas améliorés par le PGS.

Autre étude publiée par une équipe de Stanford. Une comparaison entre des couples souffrant de fausses couches à répétition bénéficiant d’une FIV avec PGS et de couples ayant les mêmes difficultés à procréer et essayant de procréer naturellement montre une infériorité de la première technique. « Le temps moyen pour le groupe FIV et PGS est de 6,5 mois pour tomber enceinte. Contre 3 mois pour les autres ! »

« Peut-être avec des techniques plus raffinées ? »

« Il n’est absolument pas certain que le PGS apporte un plus en l’état des techniques », insiste le Dr Mandelbaum. D’autant qu’ « on s’est rendu compte qu’il y avait sans doute une correction naturelle chez certains embryons. » Ainsi, « les anomalies pourraient se résorber et l’embryon s’implanter et donner un enfant sain ».

Mais « l’argument du PGS séduit les patientes et le coût n’étant pas négligeable, l’intérêt commercial est bien présent. Peut-être qu’un jour, avec une amélioration des techniques, l’efficacité du PGS deviendra une réalité », poursuit-elle. Mais pour le moment, « il n’y a aucun intérêt à le proposer à toutes les femmes ».

A noter : le PGS n’est pas autorisé en France. Seul le Diagnostic préimplantatoire (DPI) est permis par la loi.

  • Source : clinique IVI, 8 septembre 2016 – interview du Dr Jacqueline Mandelbaum, ancienne chef du service de Biologie de la Reproduction/CECOS de l'hôpital Tenon (75020); ancienne membre du CCNE, 16 septembre 2016- Human Reproduction, Vol.0, No.0 pp. 1–7, 2016

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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