IST : les jeunes utilisent de moins en moins de préservatifs

30 août 2024

Un récent rapport pointe le recul du recours aux préservatifs chez les jeunes de 15 ans. Un comportement qui accroît le risque d’infections sexuellement transmissibles et de grossesses non désirées. En cause, selon l’OMS, la négligence de nombreux pays à dispenser une éducation à la sexualité adaptée à l’âge.

L’utilisation des préservatifs a reculé de façon inquiétante ces dernières années. Ainsi entre 2014 et 2022, la proportion d’adolescents sexuellement actifs ayant utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel est passée de 70 à 61 % chez les garçons et de 63 à 57 % chez les filles.

Ces chiffres, relayés par l’Organisation mondiale de la Santé, sont issus de l’enquête HBSC (Health behaviour in School-Aged Children), une enquête internationale, réalisée tous les quatre ans, sur la santé physique et psychique des enfants et adolescents en âge d’être scolarisés. Ces données portent sur plus de 242 000 jeunes de 15 ans, dans 42 pays et régions du monde.

Autre enseignement de cette enquête, « près d’un tiers des adolescents (30 %) ont déclaré n’avoir utilisé ni préservatif ni pilule contraceptive lors de leur dernier rapport sexuel ». Les adolescents issus de familles moins favorisées socialement sont les plus susceptibles de n’utiliser ni préservatif, ni pilule contraceptive, 33 % contre 25 %. 26 % des jeunes de 15 ans déclarent qu’eux-mêmes ou leurs partenaires ont utilisé la pilule contraceptive lors de leur dernier rapport sexuel.

Des données qui ne sont « pas surprenantes »

L’OMS alerte sur les conséquences délétères pour ces jeunes de tels comportements : un risque accru de contracter une infection sexuellement transmission (IST), un risque accru d’une grossesse non-planifiée et d’un avortement dans de mauvaises conditions de sécurité. Selon l’enquête, le recul de l’utilisation des préservatifs est généralisé et touche de nombreux pays et régions. Pour Hans Henri P. Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe, ces données sont « consternantes » mais « ne sont pas surprenantes ».

« De nombreux pays négligent encore de dispenser une éducation complète à la sexualité adaptée à l’âge et, lorsqu’elle existe, elle est de plus en plus critiquée ces dernières années en raison de l’hypothèse erronée selon laquelle elle encourage les comportements sexuels, alors qu’en vérité, le fait de doter les jeunes des connaissances dont ils ont besoin au bon moment permet d’optimiser les résultats sanitaires grâce à l’adoption d’un comportement et de choix responsables », poursuit-il.

Des manquements qui concernent aussi la France. Alors que l’éducation à la sexualité à l’école a été rendue obligatoire en 2001 à raison d’au moins trois séances annuelles, seuls 15 % des élèves bénéficient de ces trois séances pendant l’année scolaire à l’école et au lycée.

Des recommandations pour changer de cap

Pourtant, ces manquements mettent en danger la santé des jeunes et compromet leur avenir. En l’absence d’une éducation à la sexualité, le patron de l’OMS/Europe prédit une hausse des taux d’IST, une augmentation des coûts des soins de santé et, surtout, « une perturbation du parcours pédagogique et professionnel des jeunes qui ne reçoivent pas en temps voulu les informations et le soutien qui leur sont nécessaires ».

L’OMS Europe demande aux responsables politiques :

  • la mise en place d’une éducation complète à la sexualité adaptée à l’âge ;
  • l’accès aux services de santé sexuelle adaptées aux jeunes ;
  • la promotion d’un dialogue autour de la santé sexuelle au sein des familles ;
  • la formation des éducateurs sur ce sujet, enseignants et professionnels de santé ;
  • la mise en place d’interventions ciblées vers les jeunes qui ont des comportements à risque.
  • Source : OMS, Planning familial

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par : Vincent Roche

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