JO 2024 : en combien de temps le moustique tigre peut-il transmettre la dengue ou le chikungunya ?

09 juillet 2024

Le moustique tigre est capable de transmettre les virus de la dengue, du chikungunya, de Zika, d’Usutu ou du West Nile. Dans la perspective des Jeux olympiques de Paris 2024, alors qu'un premier cas de dengue autochtone depuis le début de l'année vient d'être détecté dans l'Hérault, une équipe française a mesuré le temps qu’il fallait à un moustique tigre contaminé par l’un de ces virus pour le transmettre à l’homme, par plus de 28°C, température probable à Paris lors des Jeux.

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 se tiendront du vendredi 26 juillet au dimanche 11 août. A cette occasion, la capitale française et les départements qui accueillent des épreuves, verront affluer des millions de visiteurs. Outre l’enjeu sécuritaire auquel doivent répondre les autorités, l’enjeu sanitaire est d’envergure. Parmi les risques identifiés par Santé publique France, les risques naturels et environnementaux, les risques terroristes et les risques infectieux. Dont les arboviroses, ces maladies virales à transmission vectorielle, transmis notamment par les moustiques.

Selon les chiffres de Santé publique France, depuis le 1er janvier 2024 et jusqu’au 2 juillet, 2 885 cas de dengue ont été importés en France, contre 2 524 sur la totalité de l’année 2023. Selon l’Institut Pasteur, « il est envisagé que ce nombre augmente lors des Jeux olympiques, synonyme de flux supplémentaires provenant de pays endémiques pour d’autres arbovirus ».

Et lundi 8 juillet, un cas de dengue autochtone a été détecté en France métropolitaine, dans l’Hérault. Il s’agit du premier cas de dengue chez une personne n’ayant pas voyagé dans une zone endémique, depuis le début de l’année 2024.

Dengue : entre 14 et 21 jours pour intervenir

Dans la perspective des Jeux, l’Institut Pasteur, l’agence régionale de démoustication et le centre national de référence des arbovirus ont analysé les capacités d’Aedes albopictus, le moustique tigre, à transmettre cinq arbovirus – la dengue, le chikungunya, Zika, Usutu, et le virus du Nil occidental. Pour rappel, on ne sait que depuis 2023 que le moustique tigre est également capable de transmettre ces deux derniers virus.

En laboratoire sécurisé, les chercheurs ont étudié la compétence du moustique tigre à transmettre ces virus à une température de 28°C, conditions atmosphériques probables lors des jeux à Paris. Ils ont observé le temps d’incubation nécessaire pour que les virus soient présents en quantité suffisante dans les glandes salivaires de la femelle, pour contaminer un humain. Résultats : « à 28°C, le virus du West Nile a besoin de 3 jours avant d’être retransmis par le moustique ; ce délai est entre 3 et 7 jours pour le virus du chikungunya et Usutu ; et il est entre 14 et 21 jours pour la dengue et Zika », note l’Institut Pasteur.

Selon Anna-Bella Failloux, qui a dirigé l’étude, « si un cas de dengue est détecté en Ile-de-France, nous savons désormais qu’une désinsectisation doit avoir lieu dans les 21 jours. Ces résultats permettent d’ajuster la fenêtre de tir pour que l’approche soit optimale. Selon les températures qui toucheront la région francilienne cet été, ces informations seront essentielles pour adapter les mesures d’endiguement ». 

Un process bien huilé en cas de dengue

Selon l’Institut Pasteur, les professionnels de santé sont formés pour identifier les symptômes de ces arboviroses, notamment si le patient revient d’un pays où la maladie est endémique. Les agences régionales de santé mènent une enquête afin de déterminer où s’est rendu le patient les jours précédents, et réaliser des opérations de démoustication. Le problème avec la dengue ? « 80% des cas présentent peu ou pas de symptômes. » 

Les autorités sanitaires comptent toutefois sur chaque citoyen de retour d’une zone endémique : se présenter à son médecin généraliste en cas de fièvre ou de courbatures inexpliquées. « Le système d’alerte en France est performant, les process à suivre et les actions à enclencher sont déjà opérationnels grâce aux territoires ultramarins situés dans des zones endémiques qui ont permis d’acquérir une expertise sur ces maladies et leur suivi épidémiologique », relève Anna-Bella Failloux.

Cette étude ciblée sur l’Ile-de-France sera prochainement étendue à l’ensemble de la France métropolitaine. « Les durées d’incubation extrinsèque varient selon les populations de moustiques tigres qui ne sont pas tout à fait les mêmes génétiquement et les températures locales qui sont différentes », justifie l’Institut Pasteur.

  • Source : Institut Pasteur, Santé publique France

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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