La biopsie liquide pour détecter le cancer du rein
06 juillet 2020
Considéré comme rare jusqu'à récemment, le cancer du rein l'est en fait de moins en moins : en France, 11 000 nouveaux cas étaient détectés en 2011 et 16 000 en 2018, et la tendance est la même dans la plupart des pays occidentaux. Pour repérer au plus tôt ce cancer, la biopsie liquide semble faire ses preuves grâce à une nouvelle méthode.
Tabac, obésité et hypertension artérielle : voilà les principaux facteurs qui favorisent l’apparition du cancer du rein nous rappelle le site A.R.Tu.R., l’association pour la recherche sur les tumeurs du rein. Un cancer surtout masculin, qui concerne 43 000 personnes en France et 3% des cancers de l’adulte dans les pays occidentaux.
Au stade précoce, les tumeurs sont petites et asymptomatiques, ce qui rend difficile leur repérage. Elles sont généralement détectées par hasard, à l’occasion d’une imagerie de la zone abdominale ; 35% seront diagnostiqués après que les cellules cancéreuses auront colonisé d’autres organes, ce qui rendra le traitement plus long et compliqué. D’où la nécessité de dépister au plus tôt ce cancer.
Fiable presque à 100%
Les scientifiques américains du Dana-Farber Cancer Institute ont choisi la technique de la biopsie liquide, qui est de plus en plus souvent utilisée pour la détection précoce de certains cancers, mais également pour affiner le choix du traitement des cancers du poumon. Non invasif, ce type de biopsie consiste à rechercher l’ADN tumoral rejeté dans le sang et les autres fluides corporels, notamment par le biais d’une prise de sang. Problème : le cancer du rein est particulièrement difficile à repérer car il ne libère pas autant d’ADN tumoral que d’autres cancers.
Il a donc fallu inventer une nouvelle méthode, baptisée « cfMeDIP-seq » : là où les biopsies liquides recherchent classiquement des mutations dans l’ADN tumoral (qui révèlent le type et l’emplacement du cancer), cfMeDIP-seq détecte une méthylation anormale (une modification chimique qui ne change pas le code génétique mais peut affecter la fonction).
Cette nouvelle technique, qui peut repérer de toutes petites quantités d’ADN tumoral, a été testée sur les échantillons sanguins et urinaires de 99 patients avec des cancers du rein précoces à avancés, de 15 patients atteints d’un cancer de la vessie urothéliale de stade 4 et de 28 sujets en bonne santé. Résultats : presque 100% de fiabilité pour les tests sanguins, quel que soit le stade du cancer. Les résultats obtenus étaient moins précis avec les échantillons d’urine, mais cette technique pourrait être améliorée pour être encore moins invasive que le prélèvement sanguin estiment les scientifiques, sous réserve que le test soit validé par des essais cliniques plus importants.
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Source : Nature Medicine, consulté le 22 juin 2020
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet