Biopsie liquide : un catalogue des tumeurs pour une détection précoce !
12 juin 2017
Nopparat Nakhamhom/shutterstock.com
Outil de diagnostic, la biopsie liquide permet en un simple prélèvement (sang, liquide rachidien cérébral, salive) de dresser au plus tôt la carte d’identité du cancer. Et donc d’adapter le traitement de la façon la plus personnalisée possible. Une avancée majeure dans laquelle la création d’un registre des tumeurs est justifiée.
Encore toute jeune dans le monde de la cancérologie, la biopsie liquide consiste à dresser le profil de la tumeur à partir d’un prélèvement de sang, de liquide rachidien cérébral ou de salive. Grâce à la elle, les médecins obtiennent des informations sur le stade de la maladie ou encore le type de mutations et le risque de résistance aux traitements. Une avancée essentielle alors que le diagnostic et la prise en charge du cancer reposent aujourd’hui sur le type de tumeur, bien plus que sur sa localisation dans le corps.
La technique ? Isoler et examiner l’ADN tumoral circulant, ou les cellules tumorales circulantes, issus du prélèvement. Bien moins invasive comparée à la biopsie de tissus tumoraux, elle s’avère particulièrement efficace lorsque le cancer est difficilement accessible pour un prélèvement de tissus classique, comme les tumeurs du cerveau par exemple.
Deux études à l’appui !
Testée par des médecins new-yorkais* auprès de 161 patients diagnostiqués pour un cancer du sein, des poumons ou de la prostate, cette technique a fait sa preuve dans la détection précoce. Présentés au 53e Congrès mondial de cancérologie**, les résultats ne laissent pas de place au doute. Le séquençage des gènes à haut débit à partir du prélèvement a permis d’analyser quelques 508 gènes. Chez 89% des volontaires, une même variation spécifique du cancer était repérable dans le sang quelle que soit la forme du cancer. De quoi affiner le diagnostic !
Dans une étude menée en France (Centre Léon Bérard de Lyon), le Pr Olivier Tredan a testé la biopsie liquide auprès de 1 944 patients atteints d’un cancer avancé (colorectal, gynécologique, sein, cerveau, tête et cou, sarcome). Le profil tumoral de 676 volontaires a été finement analysé, et 173 d’entre eux ont pu bénéficier d’un traitement personnalisé. Ces derniers ont vu leur espérance de vie augmenter comparé au groupe placebo qui n’a pu recevoir la molécule la plus adéquate faute de biopsie liquide (34,8% vs 28,1%).
Comme un répertoire numérisé de tumeurs
Présenté à l’ASCO, le programme SOPHiA booste l’efficacité des biopsies liquides en classant les caractéristiques des tumeurs dans une base de données génomiques. Comme un immense répertoire numérisé qui aide les cliniciens à reconnaître et à anticiper l’évolution des cellules cancéreuses. A ce jour, 300 hôpitaux répartis dans 50 pays utilisent et nourrissent les données du programme SOPHiA.
Tous les variants génétiques répertoriés sont rapportés sur l’interface OncoPortal pour aider les médecins à mieux repérer la localisation de la maladie, son risque de progression mais aussi l’efficacité des thérapeutiques et leur toxicité. La réponse au traitement est davantage évaluée et les soins plus personnalisés.
*Pr Pedram Razavi, auteur de l’étude et médecin oncologue et Memorial Sloan Kettering Cancer Center
**American Society of Clinical Oncology (ASCO), Chicago du 2 au 6 juin 2017
-
Source : de notre envoyée spéciale au 53e Congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), organisé à Chicago du 2 au 6 juin 2017. Sophia Genetics, le 6 juin 2017
-
Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Dominique Salomon