La fin des hépatites B et C pour 2030 ?
25 novembre 2020
Eradiquer l’hépatite B dans les 10 années à venir semble mal engagé. Mais concernant l’hépatite C, l’espoir est permis. Faisons le point sur l’importance de la prévention et du dépistage précoce pour protéger au mieux les populations.
Hépatite B
L’hépatite B (VHB) affecte 290 millions de patients dans le monde. Il s’agit d’une infection virale qui s’attaque au foie. Le virus est le plus souvent transmis par contact avec du sang ou d’autres liquides biologiques, notamment lors de rapports sexuels avec un partenaire infecté, en cas de partage d’aiguilles, de seringues ou de matériel de préparation lors de la consommation de drogues injectables…
Une part très importante (9 malades sur 10) ne sont pas diagnostiqués. Peut-on soigner une hépatite B ? Des stratégies thérapeutiques font leur preuve. La prise en charge de référence repose sur la prise d’antiviraux directs sur le long terme, « plusieurs dizaines d’années pour obtenir une guérison ». Et de nouvelles molécules antivirales sont également efficaces avec des délais de traitement raccourcis.
A ce jour, il existe un vaccin contre cette maladie. Mais sa prescription n’est pas généralisée. Et si c’était le cas ? Avec une immunisation « efficace et sûre, et si celle-ci était universellement pratiquée à la naissance, il faudrait près de 90 ans pour arriver à l’élimination du VHB », attestent Nathalie Ganne-Carrié et Marc Bourlière, secrétaire générale et président de l’Association français pour l’étude du foie (AFEF) dans le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire. « Pendant cette période, 80 millions de personnes décéderont de carcinome hépatocellulaire. »
L’éradication de l’hépatite B semble encore loin. Aujourd’hui la prévention est la priorité pour protéger au mieux les populations, notamment dans les domaines de « la sécurité transfusionnelle et la prévention de la transmission materno-fœtale du VHB ».
Hépatite C
L’hépatite C est causée par un virus, le VHC. Elle touche 71 millions de patients à l’échelle mondiale. Elle induit un sur-risque de carcinome hépatocellulaire et de cirrhose. En Europe, cette maladie constitue la deuxième cause de transplantation hépatique après les pathologies liées à la consommation excessive d’alcool.
La prise en charge repose aujourd’hui sur des antiviraux à action directe (AAD). En 8 à 12 semaines, cette médication permet « de guérir, sans effet secondaire, plus de 99,8% des patients. Ces progrès thérapeutiques spectaculaires permettent d’envisager l’élimination du virus C à l’horizon 2030 proposé par l’OMS », positivent les auteurs du BEH. Mais cette avancée ne se fera pas sans le trio prévention, dépistage et traitement. Des mesures ont en effet été prises pour favoriser « l’accès au traitement pour tous les patients ayant une hépatite chronique C en 2017, et la prescription des AAD a été élargie à tous les praticiens en 2019 ». Mais en France, 90 000 patients contaminés ne sont toujours pas diagnostiqués. Là encore, les modes d’infection les plus courants passent par la consommation de drogues injectables.
Vers un dépistage organisé ?
Les auteurs du BEH prônent la mise en place d’un dépistage organisé pour mieux diagnostiquer les cas d’hépatites en France. Autre stratégie défendue, la mise en place d’un « programme national de prise en charge des hépatites coordonné par le ministère de la Santé avec des financements, des moyens humains adéquats et des objectifs évaluables pour atteindre, aussi rapidement que possible, les objectifs de santé publique définis par l’OMS ».
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Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire n°31-32, 24 novembre 2020
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet