La masse musculaire protègerait contre la maladie d’Alzheimer
04 août 2023
Parmi les facteurs liés à la prévention de la maladie d’Alzheimer, on retrouve une alimentation riche en oléagineux, une stimulation cognitive suffisante et l’entretien d’un bon niveau de relations sociales. La pratique d’une activité physique et en particulier la masse musculaire nous éloignerait aussi de cette maladie neurodégénérative.
La maladie d’Alzheimer concerne à ce jour 17,5 % des plus de 75 ans en France. Et si la protection contre cette pathologie tenait, entre autres, à la densité de nos fibres musculaires ? La question s’est posée au sein du laboratoire de l’équipe du Pr Iyas Daghlas, neurologue à l’Université de Californie.
Qu’est-ce qui a mis les scientifiques sur cette piste ? Ils ont remarqué que de nombreuses études ont mis en avant le fait que l’obésité semble exposer à la maladie d’Alzheimer. Cet excès pondéral massif augmente l’inflammation et l’insulinorésistance. De même qu’un niveau élevé de graisses dans les tissus dégrade les protéines béta-amyloïdes impliquées dans la santé cérébrale. Il semble par ailleurs qu’une faible masse musculaire expose à cette maladie neurodégénérative, « sans pour autant que l’on sache si cette fonte musculaire survient avant ou après le diagnostic », décrivent les scientifiques.
L’impédancemétrie nous dit tout
Pour aller plus loin dans leurs investigations, les scientifiques ont mené l’enquête auprès de 21 982 volontaires atteints de la maladie d’Alzheimer et 41 944 personnes non atteintes. Grâce à un outil appelé impédancemétrie, un courant électrique a permis d’évaluer la quantité des masses musculaire et graisseuse au niveau des bras et des jambes des participants. Résultats, « les importantes quantités de masse musculaire étaient associées à une réduction du risque d’Alzheimer, modeste mais statistiquement robuste », poursuit le Pr Daghlas.
Le même test a ensuite été effectué au niveau du tronc et de la taille. Et une évaluation des capacités cognitives était aussi réalisée. Bilan : la masse musculaire maigre était corrélée à des niveaux cognitifs supérieurs, contrairement à la masse grasse qui allait de pair avec des scores faibles sur ce point.
Des résultats concluants, « mais nous devons aller plus loin dans nos recherches avant de diffuser ces messages dans les recommandations de santé publique », relève le Pr Daghlas. Chez les patients atteints de démence ou de la maladie d’Alzheimer à un stade très précoce, « nous devons encore précisément déterminer après quel âge et à partir de quel degré d’atteinte des modifications de la masse musculaire n’ont plus d’effets sur le ralentissement de la maladie ».
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Source : BMJ Medicine, le 29 juin 2023 - Ramaroson H, Helmer C, Barberger-Gateau P, Letenneur L, Dartigues JF. [Prevalence of dementia and Alzheimer’s disease among subjects aged 75 years or over: updated results of the PAQUID cohort]. Rev Neurol (Paris) 2003;159(4):405-11.
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Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet