La méditation, c’est vraiment pour tout le monde ?

13 août 2021

Inspirée du bouddhisme, la méditation à l'occidentale permet de se reconnecter à soi, diminuer le stress, faire le vide... Si on lui prête de nombreux bénéfices, elle peut en revanche, dans certains cas, favoriser anxiété et dépression.

Jusqu’en 2015, les trois quarts des études portant sur la pratique de la méditation n’évaluaient pas ses potentiels effets indésirables. C’est le constat dressé en 2018 par une quinzaine de chercheurs, appelant dans un article de la revue Perspectives on Psychological Science à prendre en compte cette dimension. Et ce, à un moment où la méditation se fait une place de plus en plus importante dans les salles de classes comme dans les open spaces et via nos smartphones.

Car même si les effets positifs de cette pratique sont démontrés, pour la gestion du stress et de la douleur par exemple, ses effets indésirables existent bel et bien : interrogé par le journal suisse Le Temps, le Dr Nicolas Van Ham, chercheur en psychologie à l’Université de Melbourne et co-signataire de l’article, explique ainsi que « si l’ego est altéré par une psychose ou un traumatisme, cela peut être dangereux pour la personne, en réveillant des tendances suicidaires ».

Anxiété et dépression

Pour pallier le manque de données et inventorier ces effets indésirables, une autre équipe de chercheurs issus de l’Université de Coventry (Royaume-Uni) s’est attelée à la tâche : ces scientifiques ont ainsi passé en revue plus de 80 études consacrées à la pratique de la méditation, dont une partie recensait au moins un effet indésirable. Les résultats ont été publiés dans la revue Acta Psychiatrica Scandinavia en septembre dernier.

Ils indiquaient que 8% des quelques 6 700 personnes qui ont essayé la méditation ont subi un effet négatif indésirable. L’anxiété et la dépression étaient les plus fréquents (33% et 27%), les comportements suicidaires les plus rares (11% tout de même). Les chercheurs soulignent que ces effets indésirables ont pu survenir chez des personnes n’ayant aucun antécédent de problèmes de santé mentale.

Appel à la transparence

Pour le Dr Miguel Farias qui a conduit cette étude, « la méditation fonctionne bien, mais elle a sans doute fait l’objet d’une publicité excessive et n’est pas universellement bénéfique ». Le chercheur appelle ainsi à davantage de transparence concernant ces effets indésirables et les contre-indications à la pratique de la méditation.

La réponse du psy, site Internet français animé par des psychiatres, en recense quelques-unes : « La participation d’emblée à un programme de pleine conscience est à déconseiller aux personnes souffrant d’attaques de panique liées à des préoccupations hypocondriaques (inquiétudes centrées sur la santé et le corps) et aux personnes présentant une tendance à la dissociation avec ou sans antécédents traumatiques ».

Les auteurs rappellent également que la méditation de pleine conscience ne doit pas être utilisée « pour soigner les états pathologiques aigus qui nécessitent avant tout un traitement médicamenteux et/ou psychothérapique : dépressions en phase aiguë, troubles bipolaires non stabilisés, troubles psychotiques (délires, hallucinations)… ». Dans certains cas en revanche, elle est un bon complément à la psychothérapie. Si vous êtes concerné, parlez-en à votre praticien.

  • Source : Perspectives on Psychological Science, Le Temps, Acta Psychiatrica Scandinavia, La réponse du psy, consultés le 6 juillet 2021

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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