Lactarium : comment est assurée la qualité du lait ?

09 septembre 2016

La semaine dernière, trois grands prématurés ont été contaminés par une bactérie appelée Bacillus Cereus. Point commun, ils avaient tous reçu du lait maternel du lactarium d’Ile-de-France. Deux d’entre eux sont décédés. Par mesure de précaution,  la délivrance de lait provenant de ce centre a été suspendue. Comment est assurée la « sécurité du lait » dans ces établissements ? Réponses avec le Pr Jean-Charles Picaud, président de l’Association des lactariums de France (ADLF).

« A l’échelle nationale, il existe 36 lactariums », explique le Pr Picaud. « Ce sont des centres de collecte, de traitement et de distribution de lait maternel. Lequel provient des mères qui allaitent leur bébé à domicile et acceptent d’offrir leur excédent. Ce lait est considéré comme un produit de santé. Il ne peut donc être délivré que sur prescription médicale et il est administré en priorité aux enfants les plus petits, qui pèsent moins d’1,5 kg. »

Une collecte très encadrée

D’emblée, le Pr Picaud prévient : « Ne devient pas donneuse qui veut. Le don est très encadré. Une femme qui veut offrir son lait maternel doit se soumettre à un entretien préliminaire. Elle devra se soumettre à un prélèvement sanguin pour des tests sérologiques (VIH, hépatite B et C …). Le lait recueilli est systématiquement contrôlé (staphylocoque…). Sur les 70 000 litres délivrés chaque année à l’échelle nationale, 8% à 15% seront alors jetés. Une opération de pasteurisation (62,5°C pendant 30 minutes) est enclenchée. Le lait est ensuite à nouveau contrôlé ! »

Selon le Pr Jean-Charles Picaud, « le risque de contamination est donc quasi-nul…». Ce qui conduit notre interlocuteur à rester prudent quant à une éventuelle « responsabilité du lactarium dans la survenue des décès récents des deux nourrissons. La contamination peut s’être produite lors du circuit d’acheminement du lait ou dans  l’environnement du bébé (dans le service de néonatologie par exemple, ndlr)».

Quels bénéfices pour les grands prématurés ?

Rappelons que chez les grands prématurés, le système digestif n’est pas mature. Le lait maternel implique une meilleure tolérance. Le risque d’entérocolite nécrosante, une inflammation de l’intestin, est alors moindre. Sans oublier que ces bébés sont davantage sujets à diverses infections. Le lait maternel aide notamment à développer leur système immunitaire…

Pourtant, si bénéfique soit-il, ce système manque cruellement de donneuses. « Aucune campagne d’appel aux dons n’est lancée sur notre territoire », déplore le Pr Picaud. « A l’heure actuelle, nous ne pouvons subvenir qu’à la moitié des besoins ».

Si vous êtes intéressée pour faire un don anonyme et gratuit de lait maternel excédentaire, il vous suffit de contacter le lactarium le plus proche de chez vous. Le personnel de l’établissement peut se déplacer  à votre domicile. Notez enfin que le lactarium fournit le matériel nécessaire au recueil du lait.

Retrouvez toutes les informations concernant le don de lait maternel sur le site l’Association des lactariums de France (ADLF).

  • Source : Interview du Pr Jean-Charles Picaud, 7 septembre 2016

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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