L’Anses remet en question l’efficacité des masques antipollution
18 juillet 2018
BLACKDAY/shutterstock.com
Vendus pour protéger des particules fines, les masques dits « antipollution » seraient inefficaces selon l’Anses. Entre autres causes, des différences de conception, des formes inadaptées en fonction de la morphologie des visages…
Accolés sur la bouche et ficelés derrière la tête, les masques dits antipollution sont censés protéger contre la pénétration dans l’organisme de particules fines et autres polluants présents dans l’air ambiant. Mais ces filtres épargnent-ils vraiment nos voies respiratoires de ces substances toxiques ? Les ministères en charge de la santé et du travail ont saisi l’Anses* pour mener l’enquête.
Efficaces en laboratoire seulement….
Résultats, en laboratoire, les masques présentent une efficacité élevée. Mais « en conditions réelles d’utilisation », les choses sont toutes autres. « L’efficacité d’un masque dépend de sa conception, des performances du filtre dont il est équipé, et d’autres paramètres tels que son adaptation à la morphologie de l’utilisateur. » Précisément, « l’efficacité diminue du fait d’un mauvais ajustement au visage, du manque d’entretien du masque, de l’absence d’information et de formation de l’utilisateur, d’une activité physique intense ».
Par ailleurs, « la plupart des masques dits « antipollution » recensés sur le marché français sont conçus pour protéger des particules présentes dans l’air ambiant et ne protègent pas contre les substances présentes à l’état gazeux ».
Selon l’Anses, les données sur l’efficacité de ces dispositifs « sont insuffisantes pour attester d’un bénéfice sanitaire et recommander leur utilisation ». En porter peut même surexposer la population à la pollution : ce masque « peut donner un faux sentiment de protection à son utilisateur et entraîner des comportements conduisant éventuellement à une surexposition aux polluants dans l’air ».
Quels leviers privilégier ?
« Afin de réduire les impacts sanitaires liés à la pollution de l’air ambiant, l’Agence rappelle l’importance d’agir en priorité à la source, en limitant les émissions de polluants. » Autre mesure, mieux informer la population, « en particulier des personnes sensibles, sur les comportements à adopter pour limiter l’exposition quotidienne à la pollution de l’air ». Idem concernant « les voyageurs et les personnes expatriées dans certaines régions du monde où les niveaux de pollution de l’air ambiant sont particulièrement élevés ».
« Concernant les travailleurs exposés à la pollution de l’air ambiant, l’Agence recommande aux acteurs de la prévention, de se saisir de la problématique et de l’inclure dans leur démarche d’évaluation des risques. »
Une priorité de santé publique majeure alors que « selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la pollution de l’air ambiant [constitue] le principal risque environnemental pour la santé dans le monde ». Notamment parce qu’elle provoque des pathologies respiratoires et cardiovasculaires.
*Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail