L’apnée du sommeil, responsable de troubles cognitifs

03 mai 2023

Selon une récente étude, le syndrome d'apnées–hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) causerait des troubles cognitifs tels que la baisse de la vigilance et de la mémoire visuelle immédiate.

On savait que l’apnée du sommeil pouvait être un facteur de risques cardiovasculaires. Selon une récente étude publiée dans la revue Frontiers in Sleep, l’apnée du sommeil ou syndrome d’apnées–hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS) peut aussi être à l’origine d’un déclin prématuré des capacités cognitives. Pour rappel, « le syndrome d’apnée du sommeil se manifeste par la fermeture répétée du conduit aérien au niveau du pharynx, pendant 10 à 30 secondes ou parfois plus, à raison d’au moins cinq événements par heure de sommeil », explique l’Inserm.

Une étude menée sur des patients sans comorbidité

Les chercheurs britanniques, australiens et allemands ont étudié un groupe de 27 hommes, âgés de 35 à 70 ans, touchés par une apnée du sommeil, de modérée à sévère. Aucun de ces hommes ne souffrait de comorbidité ou de dépendance à l’alcool ou au tabac.

Résultats ? Une diminution de la vigilance, du fonctionnement exécutif, de la mémoire visuelle à court terme, de la reconnaissance des émotions et de la cognition sociale a été observée chez les participants. Les mêmes capacités étaient impactées, que l’apnée du sommeil soit modérée ou sévère. Toutefois, plus le SAHOS était grave plus les troubles cognitifs étaient prononcés.

Ces troubles étaient auparavant associés aux comorbidités les plus courantes du SAHOS – l’hypertension, les maladies cardiovasculaires et métaboliques et le diabète de type 2. Selon les auteurs de l’étude, une apnée du sommeil sans comorbidité peut ainsi être seule responsable de troubles cognitifs chez les patients.

Un mécanisme difficile à expliquer

Sans pouvoir précisément expliquer le mécanisme, les chercheurs estiment que ces manifestations sont dues à la baisse d’oxygène et à la hausse du dioxyde de carbone dans le sang, par intermittence. Les changements de flux sanguins vers le cerveau, le sommeil fragmenté et la neuro-inflammation que l’on retrouve chez les personnes souffrant d’apnée du sommeil pourraient également être en cause. « Cette interaction complexe est encore mal comprise, mais il est probable qu’elle entraîne des changements neuroanatomiques et structurels généralisés dans le cerveau et des déficits fonctionnels cognitifs et émotionnels associés », explique le Dr. Ivana Rosenzweig, neuropsychiatre au centre du sommeil et du cerveau du King’s College, à Londres.

L’étude rappelle que l’apnée du sommeil est largement sous-diagnostiquée. 15 à 30 % des hommes et 10 à 15 % des femmes en souffriraient dans le monde. Avec près d’un milliard de personnes concernées, 80 % d’entre elles seraient touchées sans le savoir.  En France, selon l’Inserm, 7,9 % des personnes âgées de 20 à 44 ans, 19,7 % des 45–64 ans et 30,5 % des personnes de plus de 65 ans sont concernées. Des chiffres, précise l’Institut, qui seraient en dessous de la réalité.

  • Source : Frontiers in sleep, Inserm

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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