Le dangereux business des faux médicaments

05 juin 2015

Vingt fois plus lucrative que le trafic d’héroïne, la vente de médicaments contrefaits est un phénomène mondial. Les autorités politiques et sanitaires alertent de la gravité de ce phénomène qui ne cesse pourtant de gagner du terrain. Le point à l’occasion de la Journée mondiale anti-contrefaçon, organisée ce vendredi 5 juin.

En Afrique, un médicament sur trois en circulation est issu de la contrebande. Sur ce même continent en 2013, les « faux » traitements contre le paludisme, « auraient entraîné la mort de 122 350 enfants africains âgés de moins de 5 ans, révèle l’Institut International de Recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM).

Dans une moindre mesure, ce phénomène touche aussi les pays développés. En France par exemple, de faux médicaments « de confort », les plus concernées par la vente illégale, sont couramment vendus sur internet à des prix attractifs. Avec à la clé un risque accru d’effets indésirables. C’est le cas des « traitements contre la dysfonction érectile ou encore des pilules amaigrissantes. »

De réelles mesures 

Pour renforcer la surveillance des trafics illégaux, « la législation française sécurise les chaînes de distribution (…) via des procédures d’autorisation de mise sur le marché des médicaments (AMM) ». Depuis la légalisation de la vente en ligne de médicaments en juillet 2013, la loi prévoit aussi une mise à jour régulière des e-pharmacies légales pour s’assurer de la provenance des pilules, sachets et autres comprimés. A l’échelle internationale, la politique de répression se renforce peu à peu. Ainsi l’Algérie, les Etats-Unis, la Hongrie, le Mexique et la Russie ont récemment alourdi les peines à l’encontre des trafiquants de faux médicaments.

Mais un manque d’unité

Malgré ces mesures, le constat de l’IRACM est dur : « les Etats sont très en retard et peu mobilisés en termes de législation ». Pour preuve, la convention Medicrime – signée en 2010 par 23 pays pour fédérer la lutte contre ce commerce illégal – « n’a été ratifiée que par 5 pays (Espagne, Guinée, Hongrie, Moldavie et Ukraine). »

Si les Etats ne réagissent pas davantage, « la contrefaçon de médicaments risque de devenir un phénomène hors contrôle, menaçant à la fois l’Etat de droit et la santé publique », décrit Bernard Leroy, directeur de l’IRACM. D’autant que de nouvelles pratiques apparaissent dans le monde de la contrebande et compliquent la localisation des réseaux illégaux. Entre autres, le reconditionnement de produits périmés ou le vol dans les circuits licites.

  • Source : Institut International de Recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM), le 3 juin 2015

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Dominique Salomon

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