Le foot pro nuit-il à la santé cérébrale ?
16 décembre 2022
La pratique du football au niveau professionnel est scrutée depuis longtemps par les chercheurs, afin d’évaluer ses effets sur la santé physique et cérébrale. Menée sur un petit échantillon d’anciens pros, une étude britannique pointe l’augmentation du risque de déclin cérébral après 65 ans.
Publiée en 2019, une étude menée par l’université de Glasgow a fait date : elle concluait que les joueurs de football professionnels couraient davantage de risques d’être atteints d’une maladie neurodégénérative de type Alzheimer (5 fois plus) ou Parkinson (2 fois plus), et de mourir des suites de ces maladies. A l’époque, les chercheurs n’avaient pas établi de cause commune au déclenchement de ces maladies, mais d’autres travaux ont depuis, mis en évidence les nombreux traumatismes subis par le cerveau des sportifs professionnels, causés par les « têtes » à répétition et les commotions cérébrales consécutives.
Trois ans après, les résultats de l’étude SCORES (Screening Cognitive Outcomes after Repetitive Head Impact Exposure, ou dépistage des résultats cognitifs après une exposition à des chocs répétés à la tête), menée par des chercheurs de l’université East Anglia de Norwich, viennent à leur tour confirmer que la pratique du football au niveau professionnel n’est pas sans conséquence pour le cerveau.
Les chercheurs britanniques ont comparé deux groupes, explique la BBC, qui relaie cette étude : dans l’un, 75 anciens joueurs professionnels (dont Iwan Roberts et Jeremy Goss de Norwich City, et Mark Bright de Crystal Palace) ; dans l’autre, des non-footballeurs. Tous ont été soumis à « des tests de fonction cognitive et ont été surveillés pour détecter les signes précoces de déclin de la santé cérébrale (…) qui peuvent être identifiés bien avant que des problèmes de mémoire ou d’autres symptômes visibles de maladies comme la démence ne deviennent apparents », écrit la BBC.
« Têtes » interdites
Premier enseignement de cette étude : le cerveau du groupe ex-footballeurs se porte mieux que celui de l’autre groupe entre 40 et 50 ans. Mais après 65 ans, la tendance s’inverse, indique le Dr Michael Grey, auteur principal de l’étude. « Les plus de 65 ans ont obtenu de moins bons résultats lors de l’évaluation d’éléments tels que le temps de réaction, la fonction exécutive et la navigation spatiale (…) Ce sont des signes précurseurs de la détérioration de la santé du cerveau ». Des résultats qui doivent être désormais consolidés, notamment en suivant la cohorte d’anciens footballeurs jusqu’à la fin de leur vie.
Quoi qu’il en soit, la santé cérébrale des footballeurs, amateurs comme professionnels, est prise très au sérieux de l’autre côté de la Manche. Depuis le début de la saison, le jeu de tête est interdit par la fédération de foot anglaise dans les matchs de moins de 12 ans. Et le 28 novembre dernier, la fédération écossaise, qui avait déjà interdit les têtes lors des entraînements des moins de 12 ans, a annoncé que l’entraînement au jeu de tête pour tous les joueurs adultes (pros compris) serait désormais limité à une séance par semaine, et interdit des séances organisées la veille et au lendemain d’une rencontre.
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Source : SCORES, BBC.com, FA, FSA - Décembre 2022
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet