Le sucre : petit plaisir ou vraie drogue ?
29 septembre 2023
« Etre accro au sucre ». Si l’expression est bien connue, renvoie-t-elle pour autant à une réalité scientifique ? Le sucre rend-il addict comme pourraient le faire les drogues ? Que se passe-t-il dans notre cerveau lorsque nous en consommons ? Réponses.
La notion de dépendance alimentaire au sucre est un sujet très controversé parmi les scientifiques. Les aliments peuvent certes avoir un effet psychotrope car ils comportent une composante plaisir : certains aliments nous apportent du bien-être, et notre inclination naturelle nous porte vers ceux qui nous en procurent le plus. Certains d’entre nous auront donc tendance à consommer telle boisson ou tel aliment sucré, précisément pour rechercher ce plaisir. Mais peut-on pour autant parler d’addiction ?
Donner du sucre à des cochons…
C’est pour répondre à cette question que des chercheurs de l’Université d’Aarhus au Danemark ont récemment conduit une étude sur un modèle animal. En l’occurrence des porcs. Durant 12 jours, ces scientifiques ont donné deux litres d’eau sucrée aux animaux, et ce de façon quotidienne. Ils ont en parallèle réalisé une imagerie cérébrale du début à la fin de l’expérience. Leur conclusion est claire : « le sucre influence les circuits cérébraux de récompense d’une manière similaire à celle observée lors de la consommation de drogues ». Et de poursuivre : « après seulement 12 jours de consommation de sucre, nous avons pu constater des changements majeurs dans les systèmes dopaminergiques et opioïdes du cerveau. En fait, le système opioïde, qui est la partie du cerveau associée au bien-être et au plaisir, était déjà activée dès la première prise ».
Le débat est lancé
Cette conclusion semble clore les débats, du moins en apparence. Car d’autres scientifiques avancent une autre hypothèse. Selon eux, le sucre ne provoque ni syndrome de sevrage, ni phénomène d’accoutumance inhérents à la prise de drogues. Ils affirment au contraire que le plaisir « diminue au fil de la consommation jusqu’à devenir déplaisant lorsque l’on arrive au rassasiement », peut-on lire sur le site filsantejeunes.com. « Selon eux, un processus addictif pourrait bel et bien survenir, mais uniquement dans des situations de trouble du comportement alimentaire (…) en réaction à un mal-être. »
Quand est-on dépendant ?
Être dépendant, c’est ne pas pouvoir se passer de quelque chose. Mais pour être considéré comme « addict », il existe certains critères à respecter. A savoir :
- un besoin tyrannique et pressant de consommer ;
- la perte de contrôle (consommer de manière irréfléchie) ;
- le temps passé à consommer (ou à y penser) ;
- une sensation physique de manque quand il n’y a pas de consommation ;
- la poursuite de la consommation malgré les désagréments physiques.