L’efficacité de certaines crèmes solaires mise en cause

28 juin 2013

©Phovoir

Doit-on faire confiance aux crèmes solaires ou plus exactement à leurs prétentions en matière de niveaux de protection ?  Faible, moyenne, haute ou très haute protection : à en croire le dernier numéro du magazine de l’Institut national de la Consommation (INC) 60 Millions de consommateurs à paraître ce jeudi, l’efficacité de certains produits serait plus modeste qu’annoncée… Ce serait d’autant plus vrai (et préoccupant !) pour les crèmes destinées aux enfants.

L’été 2012, le Pr Laurence Coiffard présidente du Centre européen de Recherche en Dermopharmacie (CERD) dénonçait dans les colonnes de nos confrères du journal Libération, les problèmes d’efficacité des crèmes solaires : «25% à 30% des produits ont un indice de protection inférieur à celui affiché sur l’emballage», déclarait-elle.

« S’il existe des soupçons au niveau de la protection solaire annoncée, les consommateurs ne peuvent être laissés dans l’ignorance » expliquent aujourd’hui les rédacteurs du magazine 60 Millions de consommateurs. Pour le vérifier, ces derniers se sont penchés sur la fiabilité des produits destinés aux enfants. Pour cela, ils ont utilisé la méthode dite ‘in vitro’ : le Facteur de Protection solaire (FPS) des crèmes a été testé sur des plaques de polymère (et non pas sur des volontaires), une technique qualifiée par l’Agence nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) de « rapide et efficace ».

Six recalées sur dix

Le Centre d’essais comparatifs de l’INC a donc procédé à des analyses sur 10 références de crèmes commercialisées à destination des enfants. Résultat : 

  • Quatre crèmes confirment les promesses affichées (Avène peau sensible enfant ; Mixa solaire, Tolérance optimale enfant & adulte ; Vichy Intolérances solaires, lait douceur enfants ; Alga Maris enfant) ;
  • Six sont déclassées « par précaution » (Clarins Spécial enfants ; Klorane Enfant à l’extrait de calendula ; Mustella Bébé/enfant spécial intolérances ; Nivéa baby Spécial peau sensible des bébés ; Bioregena soleil, enfants et peaux sensibles à l’huile de Karanja ; Natessance Bébé).

Selon les rédacteurs, « toutes les références déclassées se caractérisent par un potentiel anti-inflammatoire significatif. Or une activité anti-inflammatoire peut masquer une rougeur de la peau. Signal qui joue un rôle d’alerte face aux dommages que le soleil peut occasionner au niveau des cellules. »

Les fabricants contestent la forme…

Les rédacteurs du magazine ont ensuite communiqué leurs résultats aux fabricants concernés. Ces derniers contestent la forme utilisée lors de l’enquête. « Ils persistent dans leur refus de prendre en compte les mesures in vitro » conclut notamment 60 millions de consommateurs.

… et les professionnels de l’information aussi ! 

Cette étude est certes importante. Elle doit cependant être maniée avec professionnalisme. Il est à cet égard très regrettable que l’INC n’ait pas été capable d’assurer un égal accès de tous les médias à ce travail, violant ainsi les règles les plus élémentaires de la profession. Des informations aussi anxiogènes pour le public n’auraient pas dû être diffusées avec plus de 24 heures d’avance sur l’embargo.

 Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : David Picot

  • Source : 60 Millions de consommateurs - juillet / août, n° 484

Aller à la barre d’outils