Les Académies de médecine et de pharmacie mitigées sur l’homéopathie

29 mars 2019

Les Académies nationales de médecine (ANM) et de pharmacie (ANP) publient conjointement leur avis sur l’homéopathie. Elles se prononcent contre les diplômes universitaires spécifiques et la prise en charge par l’Assurance-maladie notamment. Mais elles admettent son effet placebo bénéfique, en tant que thérapie complémentaire.

L’homéopathie fait l’objet depuis longtemps de débats et de polémiques. Aucune preuve scientifique n’a pu à ce jour être apportée faisant la preuve de son efficacité. Toutefois, « 72% des Français croient aux bienfaits de l’homéopathie, 52% y ont recours », indiquent les Académies de médecine et de pharmacie. Des « données sociétales que l’ANM et l’ANP ne peuvent ignorer ».

Pas de remboursement, pas de diplôme

Les Académies restent malgré tout sur leurs positions. Ainsi, elles recommandent « qu’aucun diplôme universitaire d’homéopathie ne soit délivré par les facultés de médecine ni par les facultés de pharmacie ». Selon elles, « l’état actuel de nos connaissances et de l’insuffisance des recherches expérimentales et cliniques » rend inopportune cette délivrance. De plus, « un tel titre universitaire aurait pour effet de cautionner une méthode thérapeutique qui n’est pas acceptée ni utilisée par la plus grande partie du corps médical ».

Elles confirment également « qu’aucune préparation homéopathique ne [devrait] être remboursée par l’Assurance-maladie tant que la démonstration d’un service médical rendu suffisant n’en aura pas été apportée ». En effet, « le remboursement de ces produits par la Sécurité Sociale apparait aberrant à une période où, pour des raisons économiques, on dérembourse de nombreux médicaments classiques pour insuffisance (plus ou moins démontrée) du service médical rendu », justifient-elles.

Seul son effet placebo est reconnu

Les Académies admettent toutefois qu’il « n’est pas contraire à l’éthique ni aux bonnes pratiques d’user de préparations homéopathiques, dans les situations où l’emploi d’une thérapie complémentaire est souhaitée ». La raison ? L’effet placebo est reconnu et semble applicable à cette méthode.

« L’effet placebo avec attente est un phénomène neurobiologique scientifiquement établi, dont la réalité est attestée par des essais cliniques contrôlés, et les mécanismes éclairés par les neurosciences, notamment l’imagerie cérébrale », détaillent les Académies.

Deux conditions sont toutefois imposées par les deux institutions à cette pratique :

« Qu’elle n’induise pas une perte de chance en retardant la procédure diagnostique et/ou l’établissement d’un traitement reconnu efficace ;

« Que le médecin soit conscient qu’il use d’un placebo avec attente. »

Pour rappel : l’homéopathie a été introduite à la fin du XVIIIe siècle, par Samuel Hahnemann, se basant sur deux hypothèses : celle des similitudes (soigner le mal par le mal) et celle des hautes dilutions.

  • Source : Académie nationale de médecine et Académie nationale de pharmacie, 28 mars 2019

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche

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