Les chaleurs extrêmes accélèrent le déclin cognitif, surtout chez les populations défavorisées

17 août 2023

Une étude menée par l’université de New York montre qu’une exposition prolongée à des chaleurs extrêmes est associée à une perte accélérée des fonctions cognitives. Ces travaux montrent un surrisque parmi les populations les plus pauvres.

Les inégalités face aux fortes chaleurs. Alors que juillet 2023 a été le mois le plus chaud jamais enregistré au monde, des chercheurs ont évalué l’impact de la chaleur sur les fonctions cognitives. Selon cette étude de l’Université de New York, publiée le 15 août dans The Journal of Epidemiology and Community health, l’exposition répétée à des chaleurs extrêmes est associée à un déclin cognitif plus rapide chez les habitants des quartiers pauvres. Le même phénomène n’a pas été observé chez les résidents des quartiers riches.

Les chercheurs ont analysé les données de près de 9 500 adultes américains âgés de 52 ans et plus sur une période de 12 ans (2006-2018). Ils ont calculé l’exposition cumulée des participants à la chaleur extrême – un seuil spécifique établi par rapport à la zone de résidence – et analysé leur situation socio-économique. Ces données étaient issues de l’étude sur la santé et la retraite menée par l’Institut de recherche sociale de l’Université du Michigan, visant à mesurer les fonctions cognitives des participants sur une période de 12 ans.

Des dommages cellulaires

« Le déclin cognitif peut ne pas se manifester juste après un seul épisode de chaleur, mais des expositions répétées ou prolongées à une chaleur extrême peuvent être préjudiciables », explique Virginia Chang, professeure agrégée de sciences sociales et comportementales à la NYU School of Global Public Health et autrice principale de l’étude. Elle ajoute : « l’exposition cumulée à une chaleur extrême peut déclencher une cascade d’événements dans le cerveau, notamment des dommages cellulaires, une inflammation et un stress oxydatif, qui peuvent tous épuiser la réserve cognitive ».

« Les quartiers aisés ont tendance à disposer de ressources qui peuvent aider en cas de vague de chaleur, comme des espaces verts bien entretenus, la climatisation et des zones de fraicheur. Dans les quartiers défavorisés, ces ressources peuvent ne pas exister », analyse de son côté Haena Lee, professeure adjointe de sociologie à l’Université Sungkyunkwan (Corée du Sud) et co- autrice de l’étude. « D’autres facteurs associés aux quartiers défavorisés – résidents souffrant de stress chronique, plus grand isolement social et moins de services spécialisés pour la santé cognitive – pourraient également contribuer à cette disparité », complète-t-elle.

Pour des politiques à l’adresse des populations défavorisées

Cette étude américaine montre que les populations afro-américaines sont davantage exposées aux altérations cognitives. Un résultat que les chercheurs expliquent « en raison du racisme structurel, de la ségrégation et d’autres politiques discriminatoires, qui peuvent toutes affecter la réserve cognitive » – ce volet de l’étude semble donc difficilement transposable à d’autres pays.

Ces travaux montrent toutefois que face à des températures élevées, les populations vulnérables sont exposées à des risques accrus de déclin des fonctions cognitives. Les chercheurs recommandent ainsi aux gouvernements de mettre en place des politiques de prévention spécifiques à l’adresse des populations les plus pauvres.

  • Source : The Journal of Epidemiology and Community health

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Vincent Roche

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