Les femmes et la course à pied : du plaisir et des précautions
06 août 2024
Les femmes sont désormais aussi nombreuses à pratiquer régulièrement la course à pied que les hommes. Mais elles doivent redoubler de précautions pour éviter les lésions ostéotendineuses. Voici pourquoi.
En 2023, la course à pied était l’activité physique régulière de près de 8 millions d’adultes en France, selon l’Observatoire du running, 2024, et le nombre de sorties par semaine était de deux, en moyenne.
Autant de runneuses que de runners
Désormais, on trouve presque autant de femmes que d’hommes qui pratiquent la course à pied (48 % contre 52 % en 2023). De plus, « les femmes représentent 70 % des coureurs qui courent depuis moins de 5 ans », précise l’étude de l’Observatoire réalisée fin janvier 2024 et présentée en avril.
Concernant les compétions, on constate qu’elles se féminisent, même si les concurrentes restent minoritaires. En 2021, 20 % des participants aux marathons en France étaient des femmes, contre 28 % pour les semi-marathons (21 km) et plus de 40 % pour les courses de 10 km.
Lors du premier marathon de Paris, le 18 septembre 1976, 126 concurrents, tous des hommes, ont franchi la ligne d’arrivée. En 2024, la 47e édition, a gagné en popularité parmi les jeunes et les femmes. Ces dernières représentaient 28 % des participants, contre 25 % en 2018 et 2015.
Le valgus dynamique, un risque spécifique aux coureuses
Les potentiels traumatismes liés à la course à pied affectent tout le monde mais « notamment les femmes, révèle le Dr Jacques Pruvost, médecin du sport spécialisé dans l’ingénierie des chaussures de course (Marseille), en déclenchant ce qu’on appelle un valgus dynamique au niveau de la cheville, du pied et du genou ». Il s’agit du déplacement interne du genou, s’extériorisant au-delà de l’alignement pied-genou-hanche, autrement dit le genou s’oriente vers l’intérieur d’une droite reliant la hanche au pied. « Ce phénomène de valgus dynamique survient surtout après une demi-heure de course, continue le spécialiste, ce qui peut modifier les axes du système locomoteur – notamment une pronation excessive – et potentiellement causer des tendinopathies. D’où l’utilisation des chaussures stables, amortissantes et parfois dotées d’éléments correcteurs (semelles) mis en place par le podologue pour soutenir efficacement le pied et corriger ces problèmes durant la course. »
Une histoire d’anatomie
Les femmes sont aussi plus souvent affectées par une pathologie tendineuse appelée syndrome de l’essuie-glace, située au niveau du genou. « Cela est souvent lié à un valgus dynamique du pied et du genou, explique le Dr Pruvost, attribué à des raisons biomécaniques telles qu’un bassin plus large et des muscles fessiers et ischio-jambiers plus faibles. » Pour les coureuses qui souffrent de blessures au niveau du genou, des fessiers ou du tendon d’Achille, il est ainsi recommandé de renforcer les muscles stabilisateurs de la cheville (exercices d’équilibre, etc.) et ceux du bassin pour améliorer la stabilité et réduire les risques de blessures récurrentes.
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Source : Interview du Dr Pruvost, juin 2024 - Edition 2024 de l’Observatoire du Running présenté par l’Union Sport & Cycle le 05/04/2024 ; Les chaussures de course à pied : innovations et dopage technologique par Dr Jacques Pruvost (médecine et traumatologie du sport, Marseille) N°140 - SEPTEMBRE 2021 et sur La médecine du sport.com
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Ecrit par : Hélène Joubert - Edité par Emmanuel Ducreuzet