Les médicaments polluent nos rivières
16 février 2022
L’analyse chimique de 258 rivières du monde entier révèle une importante pollution des eaux douces par les résidus de médicaments. Précisions.
Les processus de fabrication des médicaments, et le tri des déchets, ne sont pas sans conséquence sur l’environnement. Les rivières constituent des sites naturels exposés aux résidus médicamenteux. Mais à quel point ? Pour le savoir, des chercheurs britanniques de l’Université de York* ont analysé en 2018 la qualité de l’eau à travers 258 rivières dans 104 pays sur les cinq continents.
Ce travail importe alors que l’impact des composés de médicaments sur les organismes vivants (poissons, crustacés, microorganismes, flore…) reste « imprévisible » et peut « perturber leur biologie et cycle de vie », souligne l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE) qui a participé à l’étude. Et ce phénomène à l’échelle globale reste encore peu connu. A ce jour, les seules études probantes à ce sujet concernent « l’Amérique du Nord, l’Europe occidentale ou la Chine ».
Dans ce présent travail, un panel représentatif des rivières a été sélectionné avec de grands fleuves comme « l’Amazone, le Mississipi, ou le Mékong » ou sur des sites de prélèvement « dans des régions où les médicaments modernes ne sont pas utilisés (comme un village Yanomami au Venezuela) et dans les villes parmi les plus peuplées de la planète comme New-York ou Delhi ».
61 substances retrouvées
Au total, 61 substances médicamenteuses retrouvées dans des « antibiotiques, analgésiques, anti-inflammatoires, antihistaminiques, antidiabétiques, antidépresseurs et stimulants (comme la caféine) » ont fait l’objet d’observation.
Résultats, sur les 1 052 échantillons prélevés, « toutes les rivières étudiées sont contaminées par des résidus médicamenteux ». Autre point, « un quart des sites échantillonnés présentent des niveaux de pollution potentiellement dangereux pour la biodiversité aquatique ».
Les régions du monde les plus polluées ? « Les pays en développement où sont situées les usines de production et où le traitement des eaux usées et des déchets est peu développé. » Ainsi, « l’Amérique du Sud, l’Afrique Subsaharienne et certaines parties de l’Asie du Sud » sont les plus concernées par cette pollution médicamenteuse.
*en partenariat avec 86 instituts de recherche dont l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE) en France
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Source : Institut national de la recherche agronomique (INRAE), le 15 février 2022 - Pharmaceutical pollution of the world’s rivers. Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), John L. Wilkinson et al, le 14 février 2022. https://doi.org/10.1073/pnas.2113947119
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet