Pollution : les cyclistes et piétons plus exposés que les conducteurs ?

18 janvier 2022

En ville, pour les marcheurs et les cyclistes, les pots d’échappement ne sont jamais bien loin. Ces modes de transport dits actifs exposeraient les usagers à une plus forte exposition à la pollution, comparés aux bus, métro, voitures et autre engins motorisés.

Mieux vaut-il marcher, pédaler ou conduire pour échapper au maximum à l’exposition à la pollution ? Pour répondre à cette question, l’équipe de Basile Chaix, directeur de recherche Inserm*, a évalué l’exposition au carbone suie dans la rue en fonction des modes de transport. Mais qu’est-ce-que le carbone suie ? Ce dernier est « considéré comme l’un des meilleurs marqueurs du trafic routier. Il est notamment généré par la combustion incomplète des carburants fossiles et d’autres molécules produites par le trafic routier », précisent les scientifiques. Ce polluant est impliqué dans la survenue de « maladies respiratoires chroniques, d’atteintes neurologiques et de maladies cardiovasculaires ».

 Un capteur GPS en bandoulière

 Dans son étude, l’équipe de Basile Chaix a observé 283 personnes dans leurs déplacements à raison de 6 heures par jour, entre 2018 et 2020 dans la métropole du Grand Paris**. Pas de suivi à la trace ! Mais un relevé des données de géolocalisation par GPS.

 Dans le détail, « pendant leurs trajets (…) et entre deux trajets (lorsqu’ils se trouvaient dans leur lieu d’habitation ou au travail par exemple), un capteur porté en bandoulière à l’épaule par chaque participant a permis de mesurer la concentration aérienne de carbone suie au niveau de leur zone de respiration (à proximité du nez et de la bouche) ». Au total, 7 500 trajets tous moyens de transports compris ont été effectués.

Puis « en prenant en compte la ventilation minute de chaque personne dans chaque segment de déplacement (estimée au moyen d’un accéléromètre mesurant l’activité physique), la dose de carbone suie inhalée par les participants lors de chaque trajet a pu ainsi être quantifiée ».

« Ventilation minute » ?  Il s’agit d’un phénomène qui correspond au volume pulmonaire mobilisé en 1 minute par la respiration. Cette ventilation minute « est propre à chacun et varie très largement en fonction de l’activité réalisée lors des activités. Elle a un effet sur la dose de polluants inhalée par chaque individu ».

2 fois moins risqué à vélo ou à pied

 Premier constat, se déplacer expose plus à la pollution que de rester statique dans un endroit précis. « Sur une même période de 30 minutes, les participants lorsqu’ils se déplacent inhalent plus de 2 fois la dose de carbone suie qu’ils inhalent lorsqu’ils sont dans un lieu (résidence, travail, autre) », étaye l’équipe de Basile Chaix.

La concentration en carbone suie émise autour des transports en commun et voitures reste plus importante comparés aux vélos et marcheurs. « La concentration moyenne en carbone suie dans la zone de respiration est augmentée de 2,20 μg de par m3 d’air en moyenne dans les transports publics avec un maximum de + 3,08 μg/m3 dans le métro – soit presque 2 fois plus que lors des transports actifs (vélo, marche…), et + 2,29 μg/m3 dans les véhicules motorisés privatifs. »

Mais il faut à ce niveau distinguer la concentration dans l’air de l’inhalation par les individus. « La quantité de carbone suie inhalée est en effet plus importante dans les modes de transport actifs alors que l’usager y est exposé à une concentration aérienne inférieure à un usager de transports motorisés. » Cela « s’explique par une ventilation minute beaucoup plus importante lorsque l’on utilise les transports actifs ».

*Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique (Inserm/Sorbonne Université)

** dans le cadre de l’étude MobiliSense financée par le Conseil européen de la recherche

  • Source : Inserm, Environment International, le 18 janvier 2022

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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