L’herpès, facteur de risque de la maladie Alzheimer ?
18 mars 2020
Le virus de l’herpès doublerait voire triplerait le risque de souffrir de la maladie d’Alzheimer. Mais uniquement chez les patients prédisposés à développer cette maladie neurodégénérative.
Et si l’origine de la maladie d’Alzheimer était à chercher du côté des infections ? Cette piste est envisagée depuis plusieurs années. Le virus au banc des accusés ? Celui de l’herpès, HSV1.
Ce que l’on sait déjà : « les dépôts de protéine bêta-amyloïde pourraient être une réponse de l’organisme à une infection, et certains gènes prédisposant à la maladie d’Alzheimer semblent également jouer un rôle dans la réponse antivirale », détaillent des scientifiques de l’Inserm.
Et concernant le virus HSV1 spécifiquement ? « Ce virus (…) persiste de façon latente dans l’organisme après une infection initiale », décrit Catherine Helmer*. Et ce dernier « a été mis en évidence au niveau des lésions cérébrales associées à la démence dans des modèles animaux ».
10 000 volontaires suivis pendant 10 ans
Pour étayer cette corrélation, des scientifiques de l’Inserm ont analysé les données de la cohorte 3C, large échantillon de 10 000 volontaires recrutés depuis le début des années 2000. Tous les participants, vivant à Bordeaux, Dijon ou Montpellier, avaient plus de 65 ans. Un suivi a été effectué tous les 2 ans.
Les taux d’anticorps du HSV1 (preuve d’une infection de l’herpès) ont été relevés à partir de prélèvements sanguins. Et les immunoglobines ont permis de confirmer l’incidence des réactivations virales.
Résultat, sur 10 ans de suivi, 19,7% des volontaires souffraient de démence. Aucune association n’a été retrouvée entre l’infection ou la réactivation du virus et la survenue de la maladie d’Alzheimer. En revanche, ces données diffèrent selon le profil génétique. « Chez les personnes à risque génétique, la présence d’immunoglobines anti-HSV1 ou le fait de présenter un taux élevé d’immunoglobines dirigé contre ce virus est associé à un risque de maladie d’Alzheimer multiplié par 3 à 4 par rapport aux personnes non infectées. »
D’autres études doivent être menées pour envisager la mise au point de stratégies thérapeutiques basés sur la prise d’antiviraux spécifiques.
*unité 1219 Inserm/Université de Bordeaux, Centre de recherche Bordeaux Population Health, équipe Expositions vie entière, santé, vieillissement
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Source : Inserm, 13 février 2020 - Alzheimer & Dementia, le 8 janvier 2020
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Ecrit par : Laura Bourgault – Édité par : Emmanuel Ducreuzet