L’immunothérapie, un espoir contre tous les cancers ?

03 juin 2015

Le cancer du poumon métastatique, mais aussi celui de la vessie, du foie, de l’œsophage, de l’estomac, du rein… Les traitements d’immunothérapie montrent une efficacité dans de plus en plus de localisations cancéreuses. L’édition 2015 du congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) qui se tenait du 29 mai au 2 juin 2015 a d’ailleurs fait de cette voie thérapeutique une thématique centrale. Ainsi trois quart des études présentées portaient-elles sur ces traitements. Sans enterrer les autres stratégies – thérapies ciblées et chimiothérapies notamment – elle représente sans conteste une révolution dans la prise en charge des tumeurs métastatiques.

Administrés par voie intraveineuse ou sous cutanée, les traitements d’immunothérapie font sensation depuis bientôt 5 ans dans le monde de la cancérologie. Consistant à permettre au système immunitaire de défendre lui-même l’organisme, cette stratégie thérapeutique s’avère efficace chez de plus en plus de malades. La découverte des anti-PD1 et PDL1 a d’ailleurs permis d’élargir très récemment les indications. Ces molécules réveillent les anticorps endormis dans l’environnement des cellules cancéreuses. « C’est un peu comme si le prince charmant- le médicament – réveillait la belle au bois dormant – les cellules immunitaires – endormies par la méchante sorcière – le cancer », explique très métaphoriquement le Dr Olivier Mir, oncologue à l’Institut Gustave Roussy, Villejuif.

Certaines de ces molécules, présentant de très bons résultats d’efficacité et de tolérance en phase III de plusieurs essais clinique présentés au cours de cette édition de l’ASCO ont obtenu une autorisation temporaire d’utilisation (ATU). C’est le cas du nivolumab dans le cancer du poumon et du pembrolizumab dans le mélanome. « Ces traitements vont donc entrer dans notre pratique clinique de routine », se félicite-t-il. Dans des cancers métastatiques aux pronostics très sombres, ils apportent un réel espoir. Avec parfois des résultats spectaculaires.

Allongement de la survie et cas de guérison

Ainsi « cette patiente qui présentait une grosse métastase de mélanome de 10 centimètres sous le sein a reçu une seule séance d’immunothérapie », raconte Olivier Mir. « Lorsqu’elle s’est présentée aux médecins trois semaines plus tard, la tumeur avait… disparu. » A la place, un trou s’était formé. Publié dans le New England Journal of Medicine, s’il est très rare, ce cas n’est pas unique pour autant.

Dans le cancer de la vessie après échec de la chimiothérapie, comme dans les tumeurs hépatiques, des résultats prometteurs ont également été présentés. « Certains cas de réponse complète deux ans et demi après un traitement par anti-PDL1 ont été observés dans certains essais », indique le Pr Jean-François Morère. oncologue, chef du Département d’Oncologie – Hématologie du CHU Paul Brousse à Villejuif « Cette molécule est une solution pour les malades souffrant d’un cancer du foie non opérable, pour lesquels il n’y avait aucune autre alternative. » Avec des effets indésirables bien moindres que la chimiothérapie. « De nombreux patients continuent de mener une vie normale en cours de traitement », souligne Olivier Mir.

Des limites à repousser

Toutefois, « des effets indésirables existent», indique-t-il. « Ils sont essentiellement digestifs et correspondent à des réactions auto-immunes. » De plus, les protocoles d’administration méritent d’être affinés. La durée de traitement idéale n’a par exemple pas été déterminée, et l’identification des malades qui bénéficieront ou pas de ces molécules n’est pas encore possible.

Outre l’expression de PD1 et PDL1, d’autres biomarqueurs, c’est-à-dire des « fuseaux qui endorment la belle au bois dormant » sont actuellement en phase d’étude préliminaire. « Car il y a sûrement d’autres molécules qui aident la cellule tumorale à endormir le système immunitaire », précise Olivier Mir.

L’association de plusieurs molécules d’immunothérapie est à l’étude contre certaines tumeurs. Enfin, l’administration initiale d’une chimiothérapie ou de thérapies ciblées qui augmenterait les mutations génétiques, améliorant de fait l’action de l’immunothérapie, est une autre voie à explorer.

  • Source : de notre envoyée spéciale au 51e congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), à Chicago, 29 mai – 2 juin 2015

  • Ecrit par : Dominique Salomon – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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