L’intelligence artificielle contre le cancer de la peau
06 juillet 2020
Grain de beauté qui change de couleur, d’aspect, de taille… Ces évolutions sont habituellement repérées par des êtres humains : les dermatologues. Mais quand l’intelligence artificielle s’en mêle aussi, cela donne des diagnostics plus fiables, selon une vaste étude australienne.
Chaque année, environ 80 000 nouveaux cas de cancers de la peau se déclarent en France, dont 15 000 mélanomes, les plus dangereux d’entre eux. Les facteurs de risque sont connus et rappelés chaque année à l’approche des beaux jours par le Syndicat national des dermatologues-vénérologues (SNDV) : antécédents personnels ou familiaux, peau claire qui ne bronze jamais et prend toujours des coups de soleil, taches de rousseur permanentes, plus de 50 grains de beauté, un mode de vie actuel ou passé avec des expositions solaires intenses… et, bien sûr, l’apparition ou la modification d’une lésion.
Le plus souvent, c’est le changement d’aspect d’un grain de beauté qui alerte le dermatologue, sous réserve d’un suivi régulier. Mais que se passe-t-il lorsque l’on fait intervenir l’intelligence artificielle dans le repérage de ces lésions ? C’est ce qu’ont voulu savoir des chercheurs australiens de l’Université du Queensland, en comparant des diagnostics posés par des professionnels avec des diagnostics par intelligence artificielle (IA), et la combinaison des deux.
77% de précision
Pour ce faire, les scientifiques ont créé un système informatique s’inspirant du cerveau humain pour analyser des images de lésions cutanées pigmentées typiques des mélanomes, carcinomes ou kératoses. En parallèle, ils ont recruté 302 « évaluateurs » issus de 41 pays différents pour étudier ces mêmes images, dont 56% de dermatologues, 25,5% d’internes en dermatologie et 12,6% de médecins généralistes.
Ces professionnels confirmés ou en devenir ont produit des diagnostics seuls, puis avec l’aide de l’IA. Résultat : sans l’outil d’aide à la décision, les résultats étaient précis à 63,6%. Avec, à 77%. Les évaluateurs les moins expérimentés ont par ailleurs davantage fait évoluer leur diagnostic avec l’outil d’aide à la décision que les plus expérimentés, plus confiants dans leur diagnostic initial.
Pour le Pr Monika Janda, de l’Université du Queensland, « l’aide à la décision grâce à l’intelligence artificielle a commencé à s’infiltrer dans les milieux de la santé, et pourtant peu d’études ont testé ses performances dans des contextes réels ou pour évaluer comment les cliniciens interagissent avec elle ». Cette étude montre, selon elle, qu’« une approche combinée IA-humain pour le diagnostic du cancer de la peau pourrait être la plus pertinente pour les cliniciens à l’avenir ».
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Source : SNDV, Nature Medicine, le 30 juin 2020
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet