Maladie de Charcot : un traitement pour ralentir la forme génétique

21 juin 2023

Ce 21 juin se tient la journée mondiale de la maladie de Charcot, une pathologie neurologique contre laquelle il n’existe aucun traitement curatif. Même si une molécule semble efficace pour ralentir le processus de destruction des neurones. Explications.

ITisha/shutterstock.com

Maladie neurodégénérative rare et progressive, la sclérose latérale amyotrophique (SLA) également connue sous le nom de maladie de Charcot, provoque la mort des motoneurones au niveau du cerveau et de la moelle épinière. Des neurones spécifiques et impliqués dans la commande des muscles volontaires responsables de la motricité. Cette destruction entraîne une paralysie progressive et une atrophie musculaire. En conséquence une perte d’autonomie survient dans les rituels et gestes du quotidien : le langage, l’alimentation et, dans les formes les plus avancées, la respiration. Pour cette raison, l’espérance de vie des patients est comprise entre 3 et 5 ans après l’apparition des premiers symptômes.

Un traitement agit contre le processus neurodégénératif

Comme le rappelle l’Institut du Cerveau, « il n’existe à ce jour aucun traitement curatif de la maladie de Charcot. Cependant, l’association d’un traitement neuroprotecteur et d’une prise en charge multidisciplinaire, permettant une prise en charge des différents aspects de la maladie, permet de ralentir la progression des symptômes ».

Tout récemment, le 25 avril, la Food and drug administration (FDA), l’agence américaine du médicament, a donné son feu vert pour un traitement : le QALSODY™ (tofersen). Cette molécule actuellement à l’étude (phase 3**) s’avère efficace pour ralentir la progression de la SLA dans sa forme génétique, SOD1. Cette mutation a été découverte il y a maintenant 30 ans. Ainsi, sur les 15 % des SLA de forme génétique, la SLA-SOD1 concerne environ 2 % des patients diagnostiqués : 330 personnes aux États-Unis et moins d’un millier en Europe.

Comment agit cette molécule ? « Le QALSODY™ (tofersen) diminue la concentration en neurofilaments, des protéines libérées par les neurones endommagées », précise la FDA.

Ralentir le déclin des fonctions respiratoire et musculaire

Que disent les résultats de l’essai VALOR, mené auprès de 108 patients – 72 sous QALSODY™ (tofersen) et 36 dans le groupe contrôle -, publiés en 2021 ? « QALSODY™ (tofersen) a entrainé une baisse de 55 % du taux plasmatique de neurofilaments contre une hausse de 12 % dans le groupe placebo. En outre, la quantité de protéine SOD1 dans le liquide cérébrospinal (…) a diminué de 35 % dans le groupe QALSODY™ (tofersen) contre 2 % dans le groupe placebo ».

Et quand il était administré précocement, le QALSODY™ (tofersen) s’avérait encore plus efficace pour freiner le déclin des capacités fonctionnelles (ALSFR-R) : un score basé sur 12 fonctions physiques comme la capacité à avaler, à utiliser des ustensiles, à monter des escaliers… D’autres paramètres étaient aussi améliorés comme la force respiratoire et la force musculaire.

Enfin, que sait-on à ce jour des effets indésirables rapportés chez les patients sous QALSODY™ (tofersen) ? « Les effets indésirables les plus fréquemment observés chez 10 % ou plus des patients traités par QALSODY™ (tofersen) et chez un nombre de participants supérieur à celui du groupe placebo étaient les suivants : douleurs, fatigue intense, arthralgie, taux élevé de leucocytes dans le liquide cérébrospinal (LCS) et myalgie », rapporte la FDA.

A noter : Un podcast nommé RARE a été lancé pour sensibiliser à la maladie de Charcot. La dernière saison comprend cinq nouveaux épisodes : quatre interviews de spécialistes et un témoignage patient. La première capsule, relayant l’expertise du Pr Philippe Couratier, neurologue au CHU de Limoges, est en ligne depuis le 24 mai sur Apple Podcasts, Spotify, Deezer, Google Podcasts, Amazon music.

*en injection de 100 mg/15 ml

**« La phase III permet d’évaluer l’intérêt thérapeutique du médicament sur un nombre de patients beaucoup plus important : de quelques centaines, à des milliers pour des maladies très fréquentes comme l’hypertension. Les volontaires sont le plus souvent répartis en deux groupes afin de comparer l’efficacité du candidat médicament à un traitement de référence (s’il en existe un) ou à un placebo (substance neutre). A l’issue de ces essais, et en fonction de leurs résultats, les autorités sanitaires délivrent (ou non) une autorisation de mise sur le marché (AMM) au médicament testé. », données Inserm

  • Source : Virginie Druenne, ambassadrice du Podcast RARE - Institut du Cerveau, consulté en juin 2023

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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