Maladies cardiovasculaires : des facteurs de risque chez les femmes toujours trop peu connus
26 septembre 2023
Une étude publiée dans la revue Arteriosclerosis, Thombosis, and Vascular Biology met en lumière les retards de diagnostics et de prises en charge des maladies cardiovasculaires chez les femmes. Pourtant, chez les moins de 55 ans, le nombre d’infarctus est en constante augmentation ces dernières années.
Une perte de chances pour les femmes. Plusieurs études montrent que les femmes se remettent plus difficilement d’un accident cardio-vasculaire que les hommes. Si la proportion d’infarctus reste encore plus élevée chez les hommes, les femmes en meurent plus et conservent davantage de séquelles – insuffisance cardiaque, troubles du rythme ventriculaire, fatigue à l’effort… « Nous avons constaté des différences étonnantes entre les hommes et les femmes dans le diagnostic, le traitement et les symptômes des maladies cardiovasculaires. Les femmes ont tendance à se rendre à l’hôpital plus tard que les hommes après l’apparition des symptômes et les médecins n’admettent pas les femmes à l’hôpital au même rythme que les hommes », souligne dans un communiqué du 29 août, Mahdi O. Garelnabi, professeur associé au Zuckerberg College of Health Sciences de l’université de médecine du Maryland (Etats-Unis). Pour parvenir à ces conclusions, Garnelbi et son équipe ont passé au crible une quinzaine d’études menées dans plusieurs pays du monde (Egypte, Brésil, Chine, Inde, Etats-Unis…) et décrypté les données médicales de près de 2,3 millions de patients. Ces travaux ont été publiés le 29 juin dans la revue Arteriosclerosis, Thombosis, and Vascular Biology.
Selon ces analyses, par rapport aux hommes, les femmes présentent des symptômes supplémentaires et non-traditionnels tels que les vomissements, les douleurs à la mâchoire et des douleurs abdominales, note l’étude. Des symptômes qui échappent aux médecins, aux patientes ; ce qui, par conséquent, retardent diagnostic et prise en charge.
Hausse des cas chez les femmes jeunes
La méta-analyse a en outre montré que le taux de crises cardiaques chez les femmes âgées de 35 à 54 ans étaient en nette augmentation sur la période 1995 – 2014, passant de 21 % à 31 %. Chez les hommes, ce taux a augmenté mais de façon moins spectaculaire, de 30 à 33 %. Le Dr. Garelnabi et son équipe mettent en avant des facteurs de risque spécifiques aux femmes : la ménopause prématurée, l’endométriose, les troubles de la tension durant la grossesse, les maladies systémiques inflammatoires comme le lupus (une maladie auto-immune féminine)…
Selon l’étude, les femmes et en particulier les jeunes femmes représentent des personnes à haut risque, un groupe à part qui doit nécessiter une attention et une connaissance particulières. Pour les auteurs, il est important que les facteurs de risques liés au sexe soient connus des soignants. Notamment « les troubles hypertensifs de la grossesse, la prééclampsie et les fœtus de petite taille », afin « d’orienter les femmes présentant ces facteurs de risque vers un dépistage cardiovasculaire et une réduction du risque ». Les auteurs plaident ainsi pour une meilleure connaissance des facteurs de risques mais aussi une meilleure information auprès des femmes sur les signes de maladies cardiovasculaires spécifiques à leur sexe, et une meilleure représentation des femmes dans les essais et la recherche.
A noter : les maladies cardio-vasculaires tuent 200 femmes par jour en France et 25 000 dans le monde. « De nombreux retards de diagnostic et de prise en charge sont liés à ce que les femmes ne se sentent pas concernées par ces maladies, qui sont de ce fait insuffisamment dépistées. Pourtant, 8 accidents cardio-vasculaires sur 10 sont évitables avec une information, une éducation à la santé et un dépistage dédié », note l’association Agir pour le cœur des femmes, très active en France sur cette question.
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Source : Agir pour le cœur des femmes - Sex, Racial, and Ethnic Disparities in Acute Coronary Syndrome: Novel Risk Factors and Recommendations for Earlier Diagnosis to Improve Outcomes, Arteriosclerosis, Thombosis, and Vascular Biology , 29 juin 2023
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Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Vincent Roche